- Ksenya, sort de ma chambre s'il te plaît... Arrête d'être collante à ce point ! J'ai envie d'être seule. Assise sur son lit en indien, j'observais ma soeur les yeux écarquillés, Zelda était plus grande que moi de seulement deux ans, mes parents l'ont adoptés peu avant ma naissance, personne n'a jamais fait de différence, que le sang qui coule dans ses veines n'est pas le même que le mien j'en avais pas grand-chose à faire, Zelda c'est ma soeur, mon modèle et pour finir c'était ma meilleure amie. Oui, c'était, elle qui était tellement proche de moi avait changé subitement, elle n'était plus la même, elle me rejetait et je ne savais même pas la raison. Ce soir-là je voulais des explications, je voulais savoir ce que j'avais pu faire de mal pour qu'elle n'est plus envie de passer du temps avec moi, pourquoi elle me ment sur ce qu'elle fait, prétextant que c'est à cause de son boulot, je n'y croyais pas une seconde mais je ne trouvais aucune solution à part me taire. Une main agrippant mon poignet assez sauvagement, me poussant à me relever et me voilà entraîné vers la porte, je résistais, la freinant, j'avais été tiré de mes pensées, Zelda voulait me mettre dehors, voyant que je n'avais pas l'intention de sortir tant que je n'avais pas eu de réponse claire, nette et précise. J'extirpais mon poignet de son attache, mes bras refermés sur ma poitrine je fronçais légèrement les sourcils... - Zelda je veux juste savoir... Je n'avais même pas encore fini ma phrase qu'elle m'avait interrompu, je levais les yeux au ciel, agacé par son comportement, je me dirigeais vers la porte sans même écouter ce qu'elle disait, son blabla habituel sur son taff, je connaissais la mélodie par coeur et je savais d'autant plus que c'était du mensonge. - Tu sais où se trouve ma porte si un jour tu déciderais de te confier, je suis ta soeur quand même, souviens-toi de cette complicité qu'on a pu avoir autrefois et je suis celle qui ne te jugera jamais si tu voulais me faire confiance un au minimum. J'avais déjà claqué la porte, je savais que ce n'était pas ses quelques mots qui allaient changer la face de notre relation devenue. J'avais retenu mes larmes au plus profond de ma gorge nouée, l'eau salée qui sortait de mes yeux s'était mis à couler à la minute même où la porte s'était refermé. Je respirais un bon coup, séchant mes larmes du dos de ma main, je ne voulais pas qu'on voie le mal que ça me faisait au fond de moi d'avoir en quelque sorte perdu Zelda, je ne le montre pas, je veux pas qu'ils aient pitié où qu'elle fasse un pas pour vers moi seulement par pitié et non par amour fraternel.


Je poussais la porte d'entrée doucement, mon sac sur l'épaule, j'étais à bout de forces, c'était la fin de la semaine, les cours devenaient de plus en plus intenses et complexes, je me devait se suivre le rythme, il ne fallait pas que je loupe mes exams', je devais réussir pour la fierté de mes parents. J'avançais dans le salon d'un pas déterminé pour dire bonjour à ma famille, dans le couloir j'entendais deux voix qui m'étaient inconnues du moins pour l'instant... Mes pas devenaient de plus en plus hésitants, c'était peut-être des amis de mon père, des personnes avec qui il travaillait, je ne sais pas. - Bonjour... Je suis rentré, je monte à la douche ! Tous les regards s'étaient levés sur moi, je me sentait limite mal à l'aise, je ne comprenais pas pourquoi il me fixait tout comme ça, comme si j'étais un animal de fois ou je n'osais quoi, avant que j'ai pu quitter le salon, mon père s'était levé d'un bon, s'approchant de moi doucement, ma mère, elle, était resté assise, souriant de toutes ses dents. Je voyais un homme du même âge que mon père voir un peu plus jeune et un autre plutôt jeune, je n'avais pas eu le temps de bien analyser les traits de leur visage que mon père s'empressa de rétorquer. - Attend une minute ma fille, je voudrais te présenter quelqu'un ! voici Monsieur Kataïev et son fils Yulian, ils sont là pour qu'on puisse parler de toi. dit-il avec un sourire presque vicieux. De moi ? Pourquoi voulait-il parler de moi ? Je ne les connaissais même pas, je vois pas en quoi je pouvais bien les intéressés.Je m'avançais dans le salon, mon père m'attirant par le bras, je me retrouvais là, planté au milieu de tout le monde, je ne savais pas à quoi tout ça rimait, j'observais le jeune homme brun assis en face de moi sur le sofa en cuir couleur crème que ma mère avait délicatement choisi, elle avait des goûts assez sophistiqués, c'est une femme classée et stricte... Mon regard se reposa sur le brun, nos yeux finirent par se croiser, il n'avait pas l'enthousiasme de son père, il était plus... Discret disons, il ne parlait pas beaucoup, son regard était fuyant, cela voulait dire qu'il en savait déjà plus que moi. La situation commencé à m'agacer, apparemment j'étais la seule qui n'était au courant de rien et je voulais savoir le pourquoi de cette visite non anodine. - Heu... Pourrait-on avoir l'amabilité de m'expliquer ce qui se passe ? J'ai l'impression d'être une abrutie ou une bête de foire en face de vous tous. Ma mère restait silencieuse encore une fois et c'est mon père qui prit la parole à son tour. Monsieur Kataïev buvait une gorgée de café avant de me lancer un sourire compatissant. - Ksenya, tu sais que tu es une jeune femme maintenant ? Ta mère et moi, nous avons pris la décision de t'unir avec Yulian, le fils de Monsieur Kataïev qui est ici présent, avant que tu ne dises quoi que ce soit nous voulons que tu saches que ton bonheur est tout ce qu'il nous importe et Yulian est parfait pour toi, il saura te rendre heureuse je n'en doute pas, c'est un jeune homme ambitieux, avec une bonne situation et... C'était un trop plein d'émotion d'un coup, je ne voulais plus rien entendre, c'en était trop, j'étais d'accord pour faire de grandes études, j'étais d'accord pour écouter et suivre leur conseil, je ne leur ai jamais voulu ou fait du mal mais là c'était trop, je ne pouvais me résoudre à épouser un homme que je ne connais même pas et envers qui je n'ai aucun sentiment. C'était juste impossible. - Il faut vraiment que j'aille à la douche. Oui j'avais pris la fuite, je les avais laissé en plan, j'étais prise de court, ni ma mère ni mon père ne m'avait parlé de ce "mariage" ils m'ont lancé ça comme une bombe à la figure, me mettant au pied du mur, je leur en voulait terriblement.


Je tapais à la porte, furibonde, j'avais besoin de soutien, de conseil, de réconfort et ma relation avec Zelda étant assez complexe pour le moment, j'avais trouvé refuge auprès d'Isaak mon frère aîné, beaucoup de respect entre nous, on savait rigoler et je savais quand être sérieux, il était assez protecteur avec moi et surveillé tout ce que je faisais, au contraire de mes parents, lui, ne m'a jamais obligé à être parfaite, il m'a toujours dit que je devais faire ce dont j'avais envie et pas ce dont mes parents voulaient... La porte finit par s'ouvrir, en moins d'une seconde je me blottissais dans ses bras, j'avais peur, j'avais peur que cette situation finisse par devenir réalité et pour éviter ça j'avais besoin de mon frère, il fallait que je lui en parle, que je lui dise quel sort mes parents avaient décidé pour moi. - Isaak, je dois te parler... Il me laissait le passage pour entrer, j'avançais dans la pièce lumineuse, silencieuse, je me dirigeais vers la fenêtre, regardant au loin, comme s'il y avait quelque chose d'intéressant, c'était juste parce que je ne savais pas vraiment comment lui annoncer, par où commencer... C'était bizarre mais j'avais honte, j'osais pas parler de ça a mon frère, j'avais déjà eu des amourettes mais rien de bien impressionnant, seul des petits trucs d'enfant rien de plus. Il posa sa main sur mon épaule, me poussant à le regarder. - Qu'est-ce qui t'arrive ? Dit moi... Il savait déjà que quelque chose n'allait pas, il le voyait. J'expirais plus bruyamment que le normal, je fermais les yeux avant de tous lancers d'un seul coup. - Papa et maman ils veulent que je me marie avec un homme que je ne connais même pas. J'avais la tête baissée, je ne savais pas comment Isaak allait réagir à cette nouvelle, comment allait-il le prendre, et s'il me disait que je devais les écouter ? S'il était du même avec qu'eux ? J'étais perdue. Je relevais enfin la tête, le regard de mon frère me scrutait, il semblait choqué, il a mis du temps avant de réagir, avant de me donner son avis. - Quoi ? mais ils sont tarés ! On n'est plus au 18ème siècle, c'est fini les mariages forcés, faudrait peut-être qu'ils se réveillent un peu ! Mon visage s'illuminer d'un seul coup, il n'était pas pour, il n'était pas pour, je pouvais enfin respirer, ça m'enlevé un poids soudainement, je savais que je pouvais avoir le soutien de mon frère et ça me faisait du bien, il me le fallait parce que seule je n'arriverais jamais à rien, je le savais... -  Dis tu vas m'aider ? Je n'ai rien contre cet homme mais je ne l'aime pas, pour moi ce n'est pas ça l'amour, l'amour ça te tombe dessus quand tu ne t'y attends pas, c'est quelque chose de beau et d'indescriptible.... Oui, j'étais encore une petite fille dans ma tête, je croyais en l'amour avec un grand A, au prince charmant, à celui qui fera battre mon coeur en un seul regard, l'amour qui ne s'explique pas. Le mariage c'est la preuve d'un amour fort, d'un amour passionné et non pas un arrangement entre deux parents. Je ne serais jamais heureuse dans ces conditions-là, c'était déjà tout vu. Il se rapprochait de moi, attrapant mon visage dans ses grandes mains, il pourrait me broyer d'un seul coup s'il le voulait, oui des fois j'avais des moments de déconcentration mêmes dans des moments délicats comme celui-ci. - Ne t'inquiètes pas je ne te laisserais pas tomber. On ne les laissera pas te marier avec un inconnu, tu peux compter sur moi. Ses paroles me rassuraient, me faisait chaud au coeur, il était devenu l'épaule sur qui je pouvais m'appuyer, sur ces mots je retourner me perdre dans ses bras.