Fouillant dans les poches de son jean, elle finit par sortir quelques pièces qu'elle déposa devant la serveuse. Rapidement, elle recompta. Il ne manquait pas grand chose. Elle continua sa recherche en passant par son jean, sa veste et même ses bottes. Après quelques minutes et quelques soupirs agacés des clients derrière elle, Zelda parvint à payer totalement la jeune femme. N'aimant guère le regard accusateur qu'elle portait sur elle, la jeune femme attrapa rageusement son café latte et son cookie. Se retournant vivement, elle bouscula quelques personnes, manquant à plusieurs reprises de renverser son café sur des pull-over. N'ayant pas de quoi s'en payer un nouveau sur elle, elle fit plus attention et quitta le café non sans lâcher quelques jurons au passage. L'odeur de la pâtisserie fini néanmoins par la relaxer. Fermant les yeux, elle huma l'odeur avant d'en mordre une bonne partie. De nouvelles bouchées suivirent la première si bien qu'en quelques secondes à peine, il ne restait de son cookie que le sachet. Tout en buvant, elle le jeta dans une poubelle. La chaleur du gobelet lui réchauffait agréablement ses mains gelée. Elle soupira et reprit sa petite marche matinale au coeur de la ville. Elle n'avait pas envie d'aller à la Rose Rouge. Pas maintenant du moins. Elle regarda son portable. Elle n'était pas pressée et n'avait eu encore aucun appel. Chose qui l'arrangeait. Le déverrouillant, elle commença à écrire un message. Seuls ses pieds la guidaient approximativement. Eux et les commentaires énervés des badauds qu'elle rencontrait en chemin. Zelda se fichait royalement de les déranger. Elle passait. Point. Elle porta une nouvelle fois le gobelet vers ses lèvres finement maquillées d'un rouge à lèvre discret. Le liquide lui brûla légèrement la gorge, la réchauffant de toute part. Son message envoyé, elle rangea le petit appareil dans la poche arrière de son jean. Lorsqu'elle décida enfin de relever le regard, ses yeux bleus s'attardèrent sur une silhouette. Ralentissant sa marche, la fille de joie chercha à distinguer le visage de l'homme. C'était lui. Un grand sourire espiègle se dessina alors que son visage d'ange tandis que ses pas se firent plus grands et plus accélérés. Etant désormais assez proche de lui, elle le bouscula d'un coup d'épaule parfaitement orchestré. Elle ne s'était pas attendue à le voir ici, de si bonne heure. A dire vrai, elle ne s'était pas attendue à le voir, tout court. Elle se plaça devant lui, un large sourire sur ses lèvres. « - Tu ne dis pas bonjour ? » Question approche, elle avait déjà fait mieux. Largement. Mais au lieu de se rattraper et de dire quelque chose de plus utile, elle bu une nouvelle gorgée de son latte.

Ses lèvres s'étirèrent en un large sourire. Ses yeux bleus électriques, quant à eux, se posèrent sur le visage, à la fois dur et plutôt agréable à regarder, de l'homme. Elle senti son regard se porter ailleurs que sur son visage. Sa main. Elle n'avait pas la bague. Elle avait préféré la laisser chez elle, la cachant dans un lieu sûr. La porte à la Rose Rouge était tout sauf une bonne idée. Elle en avait payé le prix une fois et elle ne comptait pas recommencer sachant que ce bijou, visiblement très précieux, n'était pas sien à proprement parlé. « - Toi non plus apparemment. » Le regard de l'homme, aussi froid fut-il, ne la décontenança pas plus que ça. Au contraire, Zelda le soutint, sans ciller. En guise de réponse, elle haussa les épaules. Que dire de plus ? Sans le quitter, elle le suivit docilement jusqu'à ce qu'il passe sa commande. Discrètement, elle nota dans un coin de sa tête tous les faits et gestes de cet homme qui l'intriguait plus que ce qu'elle ne voulait l'admettre. Elle leva les yeux au ciel dans un soupir long. Sur elle, le regard de Leonid persistait. Il ne fallait pas être devin pour s'en rendre compte. Elle savait très bien qu'elle aurait pu filer depuis un bon moment déjà et pourtant, elle resta à ses cotés. Sentant la poigne du russe sur son bras, la jeune femme eut un sursaut ainsi qu'un mouvement de recul. Son regard bleuté se posa à nouveau sur lui, plus froid que précédemment. Elle se laissa tirer vers un coin du café, non sans émettre une certaine résistance. « - C'est bon ! Lâche moi, je vais pas me tailler. » Ses sourcils se froncèrent légèrement lorsque son derrière se posa sur l'une des chaises. Elle posa son gobelet - probablement trop froid maintenant - devant elle et, se laissant aller contre le dossier de la chaise, elle croisa ses bras sur sa poitrine. Elle roula des yeux, lâchant un énième soupir puis, posant ses coudes sur la table, elle se pencha légèrement vers Leonid. « - Vu ton empressement, dois-je en conclure que je t'ai manqué depuis cette fameuse nuit ? » Nuit dont elle n'avait que peu de souvenirs. L'alcool y avait joué pour beaucoup, chose qu'elle maudissait. Et malgré ça, elle continuait d'enchaîner les soirées aux bras d'hommes trop profiteurs à son goût. Elle leva vers lui un petit sourire espiègle ainsi qu'un regard qui en disait long. Comme pour le narguer, elle regarda sa main où avait été passée la bague de sa mère, d'après ses dires, puis, à nouveau, elle se concentra sur lui.

Elle remua sur son siège, tantôt croisant les jambes, tantôt les étendant face à elle. Dans ces moments là, elle faisait exprès et prenait même un malin plaisir à frôler les jambes de l'homme assis face à elle. Jouer la carte de la provocation lui semblait être la meilleure des choses à faire. Et, à en juger par l'expression qui se dessinait petit à petit sur le visage dur de Leonid, elle devina sans grand problème qu'elle avait touché dans le mile. « - Plus que ça même. D'ailleurs, tu me dois des choses de cette fameuse nuit. » Un large sourire étira ses lèvres finement maquillées. S'enfonçant légèrement plus dans son fauteuil, elle joua inconsciemment avec ses doigts fins. Elle tapotait distraitement l'endroit où la bague aurait dû être, à son annulaire gauche. Elle fini néanmoins par s'en rendre compte et arrêta son petit manège. Zelda attrapa son gobelet, légèrement refroidi maintenant, et le porta à ses lèvres. Elle en bu une longe gorgée, savourant le liquide tiède qui coulait dans sa gorge. Elle fini par le reposer sur la petite table et s'accouda à nouveau sur celle ci. Il lui était ainsi plus simple de se pencher vers l'homme.  « - Ah et quoi donc ? Un baiser peut-être ou une folle nuit d'amour. » Elle jouait. La séduction était son domaine après tout. Elle n'était pas une fille de joie pour rien. Elle avait l'impression que Leonid ne serait pas si difficile à amadouer mais, elle préféra se taire, ne voulant pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Au lieu de ça, elle se contenta d'un nouveau petit sourire en coin, légèrement taquin. Un soupir traversa la barrière de ses lèvres alors qu'elle posa son dos contre le dossier. A nouveau, la jeune femme pris soin d'effleurer celui qui était son fiancé désormais lorsqu'elle fit balancer ses jambes l'une sur l'autre. Jouant avec ses nerfs, elle voulait voir combien de temps ils étaient capables de jouer ce petit jeu.