Qu’est ce que t’as fais Irina? Comment t’as fait pour te retrouver là ? Avec cet homme à côté de toi qui pose ses mains sur ton corps comme si tu n’étais même plus un être humain. Un objet entre ses mains, voilà ce que tu es devenu. Un objet qu’il manipule à son bon plaisir comme si tu n’étais plus qu’une poupée. Un jouet entre ses mains. Tu lui appartiens, tu lui as donné ce droit contre quelques billets qu’il a glissé à l’entrée. Et tu te retrouves là à lui donner du plaisir alors que toi tu n’as qu’une envie : mourir. Mourir quand tu t’abandonnes à ses hommes qui font de toi ce que tu ne voulais jamais être. Un objet dans les bras d’un homme. Mais comment en es-tu arrivé là ? Dis-moi.

Je sais que tu n’as pas eu une vie facile, grandir dans le Bronx c’est tout une épreuve et encore plus quand on est une femme. A 14 ans tu dealais déjà contre quelques billets pour te permettre des folies. Sortie entre amis et vêtements qui te plaisaient vraiment. Avec une mère partie trop tôt et un père qui n’a jamais eut assez pour nourrir sa famille il le fallait bien. C’était dur ta vie, je le sais, je l’ai bien comprit. C’est pour ça que tu es partit avec lui ? Après trop d’années de galère et en plus un père qui te battait. C’est parce que tu l’as rencontré que tu as plongé la tête la première ? Qu’elle idiote tu as été ma jolie Irina. Certes ta vie n’était pas facile dans le quartier le plus mal fréquenté de New-York et bien souvent tu recevais des claques pour ne pas avoir ramené suffisamment de sous pour payer la bouteille de whisky de ton paternel mais quand même. C’est pas pour ton petit frère que tu as fais ça. Non, si tu avais fais ça pour lui tu aurais continué ta petite vie de misère juste pour pas le laisser seul. T’étais prête à endurer tout ça pour lui. Pour qu’il ne connaisse jamais les coups et qu’il ne manque jamais de rien. T’étais prête à recevoir les gifles pour deux. Mais quand il est parti t’as disjoncté. Quand cette maladie l’a emporté t’as pas supporté. Non, tu pouvais plus vivre comme ça. Tu le détestais pour être parti, tu détestais ton père pour l’avoir laissé mourir. « Pas assez pour soigner le cancer » parait-il. Certainement mais il n’avait même pas fait l’effort. La maladie qui t’avait emmené ta mère avait emmené ton frère. T’étais seule. Seule avec les coups.
Puis tu l’as rencontré. Tu l’as rencontré un soir lors d’une fête. Il était beau, dieu qu’il était beau. Et quand il te parlait tu te sentais vivante, différente. Il t’a offert des phrases à la Sarah Kane. Des promesses d’une vie meilleure. Bien meilleure. Certes lui aussi était dans la merde. Tout comme toi. Il n’avait pas un rond mais il avait le mérite de t’offrir un rêve. La russie, Saint Petersbourg. Tu ne sais même plus pourquoi vous aviez choisis ça mais c’était à ce moment là pour toi le lieu le plus magique au monde. La promesse d’une nouvelle vie pour vous deux. La liberté. T’as enchainé les gifles pendant ce temps là. Le temps où tu économisais pour te trouver un peu de sous pour partir. Les gifles, les coups de ceintures et mêmes des attouchements parfois. Les insultes à tout vas car tu gardais de l’argent pour toi, ça faisais moins pour ton alcoolique de père évidemment. Puis un beau matin t’as compté les billets et t’avais assez. Assez pour partir loin de tes problèmes. Enfin. T’as fais ta valise. T’avais rien à emmener, ta vie ici tu voulais la laisser ici. T’as pris tes cliques, t’as pris ta vie et tu l’as foutu dans un sac à dos et t’es partit. Amoureuse. Heureuse. T’es parti loin de la galère avec celui que t’aimais. T’avais des projets pleins la tête.

Seulement t’avais pas prévu tout ça… pas prévu qu’arrivé là bas il trouverait mieux que toi. Une russe avec une belle poitrine et surtout un beau portefeuille. Qu’est-ce qu’il pouvait bien faire de toi maintenant qu’il y avait mieux que toi justement. T’en a passé des nuits à errer dans la ville, puis t’as liquidé tes dernières économie sans savoir quoi faire. T’avais 18 ans. 18 ans et plus rien. T’as trouvé la rose rouge part hasard ou plutôt c’est elle qui t’as trouvé. On t’a proposé de l’argent contre ton corps et comme ça faisais déjà quelques jours que tu dormais sur un banc t’as accepté. T’avais rien d’autre.

C’est comme ça que tu t’es retrouvé là. Allongée dans ce lit avec un homme qui joue avec toi. Quand il aura fini ce sera au suivant d’arriver et de remplir un peu ton porte monnaie. Ce n’est pas vraiment ce que t’avais imaginé en quittant les Etats Unis.