Je suis née en fin du mois de mai. Sisi, vous savez, la période parfaite quoi ! Les beaux jours rallongés, l’été qui pointe le bout de son nez, l’ambiance festive et tout ça tout ça ! Bon forcément, quand je suis née je ne pensais pas encore à tout ça mais bon, on va passer, hein. 21 mai 1989 (j’suis une femme des années quatre-vingt mais femme jusqu’au bout des seins), j’atterris  dans une petite fille qui ne demande qu’à aimer. Mon père, ma mère et mon frère ainé sont heureux de me voir parmi eux et me chouchoute (peut-être même abusement)  pendant une année complète. Par la suite, maman tombe de nouveau enceinte. J’ai ainsi, neuf mois plus tard, un petit frère. Puis l’expérience se renouvelle encore deux fois, un autre petit frère (encore) et la petite dernière est finalement une puce. J’ai d’ailleurs 7 ans d’écart avec ma petite sœur, elle a dix-huit ans. Etant la plus grande de notre fratrie (enfin, deuxième plus grande), mon frère ainé et moi aidions beaucoup nos parents. Nous gérons nos frères et sœurs, les devoirs, la cuisine, le linge, j’ai toujours été habituée à me débrouiller seule pour aider les autres et les responsabilités ne me font pas peur. J’ai vécu dans une famille aux moyens financiers modestes, mais ça me convenait tel quel, à l’époque.

Lorsque j’ai eu seize ans, j’ai décidé de vivre mes rêves, de vivre pour moi et je suis ainsi partie faire le tour de l’Europe avec mon frère ainé. Mon frère représente tellement pour moi. Nous avons trois ans de différence, il a toujours veillé sur moi et m’a toujours protégée. Partir avec lui était simplement du bonheur à l’état pur. Nous avons visité un tas de pays, nos parents y avaient mis leurs moyens pour nous permettre cette expérience extraordinaire.

Puis toute bonne chose à sa fin. A mes dix-neuf ans, je suis retournée en Ukraine. Je vivais seule dans un petit appartement placé dans les rues d’un quartier peu fréquenté. Mes modestes moyens ne me permettaient pas de déménager pour un quartier populaire. En rentrant du travail, le soir, j’avais toujours la boule au ventre de devoir passer devant ces mecs en bas de mes escaliers. Pourtant, ils ont toujours été agréables avec moi, ils me saluaient poliment et m’adressaient des sourires qui n’étaient pas malsains. Je n’aimais simplement pas leur trafic. Je savais qu’ils dealaient et ça me dérangeait beaucoup, j’avais peur que les flics ne débarquent chez moi, je crois. Puis un jour, un de ces garçons est venu sonner à mon appartement. Je lui ai ouvert gentiment et il m’a demandé s’il pouvait me parler. Je l’ai ainsi fait rentrer dans mon salon et il a tenté par tous moyens de me vendre un peu de drogue. C’était la crise, pour lui, il n’avait bientôt plus d’argent et voulait que je lui en achète pour lui permettre de vivre. Il m’a tellement bien vendu son article, si vous saviez ! J’ai craqué et je lui ai pris quelques milligrammes de drogue forte. Il m’a invité à les tester immédiatement et face à son assurance sécurisante, je me suis laissé aller. J’ai sniffer à l’aide d’une feuille de papier blanche roulée et les effets m’ont très vite monté au cerveau. Je n’étais plus maitre de moi-même et j’ai couché avec ce gars. En me réveillant, le lendemain matin, il n’était plus là. Je suis allée me préparer mon café quotidien et sur la table de comptoir, j’ai vu un billet. Je n’ai pas immédiatement su que c’était lui qui me l’avait donné. J’ai d’abord cru à un oubli de ma part mais après avoir émis un tas d’hypothèses, rien ne correspondait ! C’était bien lui qui venait de me payer pour la nuit passée ensemble. Quelques jours plus tard, c’est un de ces autres gars qui trainaient en bas de mes escaliers qui est venu sonner à ma porte. Il m’a vendu de nouveaux produits et nous avons également couchés ensemble. Puis un nouveau garçon quelques jours plus tard et ça s’est reproduit, encore et encore. J’ai arrêté mon boulot de femme de chambre et je vivais des billets qui se retrouvaient posés sur le comptoir, à chacun de mes réveils.

C’est lors de cette période que l’un de mes jeunes frères m’a contacté. Il m’a demandé de venir le rejoindre, à SAINT-PÉTERSBOURG. Je ne l’avais pas vu depuis mon voyage en Europe et je me disais que j’allais certainement pouvoir me rapprocher de lui si j’allais m’y installer. Ni une, ni deux, j’ai pris mes clics et mes clacs et j’ai laissé tous ces hommes qui avaient l’habitude de venir chez moi se trouver une autre fille qui aurait le courage de se prostituer. Parce que oui, c’est ça que je faisais, je me prostituais. Finalement, ce n’était pas une si mauvaise chose. J’aimais le sexe. Je haïssais l’amour.

Je suis alors arrivée à SAINT-PÉTERSBOURG. Au début, j’y travaillais en femme de ménage puis j’ai rapidement été demandé à la direction de la Rose Rouge si je pouvais offrir mon corps. Je l’avais déjà fait et l’argent me manquait. Par contre, je voulais toucher au luxe et mon physique a eu raison de mes envies, je suis payée très chère pour quelques minables heures.