Maman est morte... Elle s'est éteint dans la fleur du matin. Loin du froid de décembre... J'ai été très triste. Je me suis enfermé dans ma chambre sans en sortir de la journée. Le lendemain, c'était mon anniversaire. Malgré mon immense tristesse je considérais comme un cadeau le fait que maman en souffre plus. Parfois elle venait me voir le soir, elle bordait mon lit avec ses mains douces, je la sentais, elle passait sa main dans mes cheveux et elle m'embrassait le front. Papa haussait le ton quand je lui en parlais, il disait que ce n'était pas possible, que c'était des sornettes. Papa n'allait pas bien. Le jour ou maman est morte sa consommation de Vodka est montée en flèche. Je m'en rappelle encore, il tapait à ma porte en pleurant et il disait : « Amilya ouvre cette porte, reviens je t'en prie ! Allez viens, on sera bien tous les deux tu verras ! Je t'aime ! » Et il sanglotait pendant longtemps. J'avais fermé ma porte à clé pour ne pas qu'on se nuise l'un l'autre. J'avais eu raison. Amilya c'était le prénom de ma mère, mon père délirait je le savais, sans doute l'effet de l'alcool.
Les funérailles ont eu lieu quelque temps après, j'ai déposé une rose rouge sur la boîte où il avait enfermé maman à jamais. Quand les hommes en noirs ont commencé à descendre le corps j'ai voulu sauté dans le trou avec elle, pour que l'on n'ait pas à se quitter. J'aimais Papa, mais parfois il était distant, et étrange. Je n'arrivais pas à le comprendre, il n'était pas comme maman. Il fumait, buvait, rentré tard, parfois avec des femmes très peu vêtu. Ce n'était pas un environnement sain pour un enfant.


Souvent le soir, il venait s'étendre à côté de moi, il posait sa main sur ma tête et il s'endormait. Je m’endormais peut de temps après lui. Je me disais qu'il devait se sentir bien seule et qu'il avait besoin de sa fille. Alors je me suis bien comporté, je suis retourné à l'école, j'avais les meilleures notes possible, je le faisais aussi pour maman. Je prenais soin de mon apparence et me cultivait pour ne pas être une idiote que l'on pourrait berner. J'étais une petite fille modèle. Quand Papa rentrait tard et alcoolisé je le couchais et le matin je lui faisait mes remèdes. Je pensais à maman, elle n'aurait pas voulu voir son mari ainsi. Alors j'essayais de faire de lui un homme le moins abîmé possible. Mon père m'aimait, j'étais tout ce qu'il lui restait, sa petite fille adoré. Souvent il me faisait des cadeaux, parfois assez précieux. Et puis un jour l'entreprise de Papa fût en pleine essor et l'argent coula à flot. Papa a voulu qu'on déménage et quelques jours plus tard nous troquions notre appartement  cosy contre une immense villa. Je pouvais avoir tout ce que je voulais, mais je n'avais jamais été une fille très attirée par la luxure et l'argent. Je voulais juste être moi, simple, vivante. Mais depuis la mort de maman j'avais perdu une part de moi, je devenais cynique parfois et quelque peu rebelle. Je ne voulais pas qu'on fasse ce qu'on veut de moi, j'étais capable de faire mes propres choix.
Le temps passait puis vinrent mes 18 ans. Mon père pleurait le jour de mon anniversaire, il disait qu'il avait l'impression de perdre sa petite fille, un vrai enfant.  Mais son regard sur moi commençait à changer sans que je sache pourquoi. Quelques temps plus tard j'étais inscrite à l'université dans des études de médecine. J'étais une élève brillante et très persévérante. Les gens m'adulait pour ma beauté et mon tempérament acidulé. Je voulais soigner les autres, leur apporter du soutien, je voulais que maman me regarde de la haut et se dise « Tiens ma fille a fait des merveilles sur ce monde. » . Alors je travaillais nuit et jour, je ne laissais pas la place à l'amour dans ma vie.

Février 2014♦ Saint-Pétersbourg