«  Toi et moi,  seuls dans cette pièce sombre avec seulement trois lumières, on dirait qu’il y a plusieurs endroits où s’appuyer
On est excités ?
Ce moment a l’air d’être un peu plus spécial. Nous sommes au même niveau depuis hier soir, toi et moi seuls du matin jusqu’au soir…lalala…encore plus ! » One More - Fiestar

Savez-vous ce que c’est que d’être perdue au beau milieu de la neige, sans avoir rien d’autre à manger qu’un simple quignon de pain volé au préalable ? Courir pour sa vie, pour un morceau rassis de pain, cela a t’il du sens ? Je n’en sais rien, ne me le demandez pas, je n’y ai jamais vraiment réfléchi. Quand il faut survivre, on s’en fout de tout. On peut même tomber dans la prostitution. Beurk, vous allez me dire, et vous n’aurez pas tort. Tous les soirs, se faire toucher par plusieurs hommes en échange de monnaie sonnante et trébuchante n’est pas une partie de plaisir pour la plupart d’entre nous…Mais il vaut mieux être au chaud dans une maison close, et en sécurité que de risquer de se faire battre et mourir de froid dans la rue, non ? La maison close est devenue ma maison. Il ne se passe pas un jour sans que je ne repense à la misère, à ma triste vie d’avant, celle où je pleurais tous les jours parce que je n’avais pas de parents et que je n’avais que la peau sur les os. Je me souviens encore de mon adolescence : la drogue m’a bien vite emportée. Maintenant, je dois subir ces attouchements quotidiens et je ne le supporte plus…
JE DECONNE.

Ah, pardon, vous m’avez crue ? Oui, malgré mes vingt-quatre ans et mon 1m75, je suis une vraie petite friponne, voire même une véritable peste. N’y voyez là rien de personnel, c’est dans ma nature. Allez, comme je suis une gentille fille, je vais vous raconter ma propre histoire, même s’il n’y a rien de vraiment palpitant à dire. Tant pis, puisqu’il le faut je vais quand même vous conter la véritable version des faits. Rassurez-vous, j’ai joué un peu des violons au début mais je ne vous ai pas menti pour tout. Je suis bel et bien une prostituée mais, à l’inverse de certaines, j’aime mon boulot. C’est moi qui l’ai choisi. Il n’y a rien de mal là-dedans et je m’en fous bien des qu’en dira-t’ont de la part de gens qui ne sont même pas heureux dans leur propre vie et qui ne font même pas un travail qu’ils aiment. J’aime le sexe, je rends les hommes contents, point barre. Je voulais, en plus d’embêter un peu mon monde, vous prouver que toutes les prostituées ne sont pas de pauvres petites gamines qui se sont perdues en cours de route, qui n’ont pas de parents et qui se sont droguées. Elles sont tombées dans la prostitution et ne peuvent plus en sortir. C’est triste, ça existe, mais nous ne sommes pas toutes de pauvres petites orphelines.

Commençons par le plus important. Je m’appelle Petra. Petra Anikine mais Petra suffira. Je suis née le 6 Août 1990, je vais donc avoir vingt-quatre ans sous peu. J’ai vécu pendant dix-huit ans à Moscou. Je n’étais pas à plaindre, j’étais même plutôt considérée comme légèrement aisée. Disons que je n’étais pas riche mais je ne manquais de rien. Je mangeais à ma faim et je pouvais m’habiller comme je le voulais sans trop de restrictions budgétaires. J’étais une enfant, une collégienne et une lycéenne normale, sans aucun problèmes, ou presque. J’avais quelques amis, j’allais à l’école,…bref, rien de bien palpitant.

J’ai découvert le sexe à l’âge de dix-huit ans ce qui, pour certaines personnes, est considéré comme un âge plutôt tardif pour avoir sa première fois. Toutes mes amies me disaient « Tu vas voir, ça va faire mal. » ou «  Tu ne pourras plus marcher le lendemain. ». Et bien, cette première expérience reste, certes, légèrement plus douloureuse que les suivantes mais elle ne m’a clairement pas dérangée puisque j’ai remis le couvert plusieurs fois. Lorsque mes petits amis de l’époque ne me contentaient pas, j’allais voir mes sex-friends sans aucune honte. Après tout, je suis une jeune femme exigeante et si mon petit ami de l’époque n’arrivait pas à me satisfaire sexuellement parlant, c’était qu’il n’était pas à la hauteur. C’était à lui d’avoir honte de ne pas faire jouir sa petite amie, pas à moi. Mais bref, j’aurais pu ne pas aimer la chose, j’aurais pu jouer ma prude mais disons que je suis un peu ce qu’on appelle communément une «  Marie couche toi là ». Je ne le cache pas vraiment, au contraire, j’ai un peu tendance à l’avouer très vite en décochant mon plus beau sourire à mon interlocuteur. Je n’en ai aucune honte. Qui a-t-il de gênant dans le fait de se faire plaisir et de faire plaisir aux autres ?

Au début, je n’aimais pas franchement les hommes. Il faut dire que nous sommes trois femmes à la maison : ma mère, ma sœur et moi. Ma mère et ma sœur sont de vraies grenouilles de bénitier, je les ai toujours trouvées ridicules mais, avec le temps, ma vision d’elles s’est empirée de jour en jour. Clothilde a vingt-six ans, elle devrait profiter de la vie. A la maison, c’est ma mère qui a toujours porté la culotte. Mon père est très…mou. Je dirais même parfois qu’il est de l’autre bord. En gros, j’ai l’impression que mon propre père est un gay refoulé. Ca le regarde mais il n’a aucun courage, on dirait une héroïne de manga. Vous savez, celle qui se fait enlever sous les yeux du héros ? Et bien, mon père, c’est ça. Pas de quoi me donner un véritable repère masculin, en plus de mon éducation exclusivement féminine vu que j’ai été dans des écoles réservées aux bonnes petites croyantes sans aucun mâle à l’horizon. Trop d’œstrogènes tuent l’œstrogène.

Vous pensez que j’exagère au sujet de mon père ?

Un jour,  ma mère était partie en voyage. Deux hommes inconnus se sont infiltrés chez nous. Ils ont volé des choses et battu ma sœur juste sous les yeux de mon père. Quant à moi, a à peine treize ans, je me suis cachée et j’ai téléphoné à la police. Mon père ne s’est pas interposé. Il est resté silencieux. Certes, il n’aurait rien pu faire mais il aurait pu au moins riposter et essayer de défendre ma sœur. Mais non, le courage de l’a jamais étouffé. C’est peut-être pour ça que je n’ai jamais eu de relations vraiment durables. Je cherche un mec, un vrai, et pas que bon au lit. Un mec qui ne va pas s’enfuir la queue entre les jambes au moindre petit problème.

Je suis devenue prostituée à l’âge de vingt ans. Je n’ai jamais aimé étudier. J’ai très vite pris un appartement toute seule. Ne me demandez pas pourquoi, j’ai choisi Saint-Pétersbourg, probablement parce que mes amies y sont allées et que je n’avais pas vraiment d’idées où aller. Je voulais juste quitter cette atmosphère pieuse et pitoyable. Je me suis inscrite à l’université pour faire plaisir à mes parents mais je n’y suis jamais allée. Ils ont vite compris cela et m’ont coupé les vivres. Ça ne m’a pas dérangée, j’ai enchaîné les petits boulots. De toute façon, je préférais ça à étudier. Je voulais être plongée dans la vie, voir des gens. En plus de mon amour pour le sexe, le métier de prostituée m’a apporté toutes ces choses. Un an après avoir emménagé à Saint-Pétersbourg, je suis devenue serveuse pendant un mois. J’ai entendu mes clients parler de la rose rouge et j’y suis allée sans me poser de questions.

Une fois embauchée, je me suis empressée de le dire à ma sœur, histoire de choquer un peu ma petite famille. Ca a fonctionné, plus aucun d’entre eux ne me parle. Je n’en suis pas triste, j’en suis fière. Aujourd’hui, je réconforte les hommes en manque d’affections, parfois même, après l’acte, je leur parle, ils se confient à moi et je leur apporte des conseils. Nous sommes comme une famille là-bas. J’essaye de détendre les plus fragiles et naïves d’entre nous, je discute de choses pas très catholiques avec celles qui aiment ça comme moi. J’aime chaperonner les petites nouvelles,  me lier d’amitié avec les filles même si elles sont toutes très différentes. J’aime mon job, il paye bien, il correspond à ma vision libertine de la chose et à mon côté nocturne…que demander de mieux ?