Aujourd'hui, rien ne parvient à me satisfaire au travail. Cela fait quelques jours d'ailleurs. Depuis que mes nausées matinales sont telles que je rends systématiquement mon petit déjeuner. Joshua me lance sans arrêt des regards qui en disent long, cependant qu'Adrianna pense que j'ai une gastro persistance. Mon frère cadet et moi devons avoir une conversation à laquelle j'aimerais ne pas participer. Je lance la chemise que je viens de terminer sur un le plan de travail et croise les bras, boudeuse. Je redoute la conversation car il va forcément en demander plus à propos d'Ezra. Ezra avec qui je pensais avoir noué quelque chose le jour où j'ai décidé de garder le bébé. Hélas, lorsque nous avons dû chacun rentrer chez nous, je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'il allait probablement se retrouver dans les bras d'une autre femme. Tristesse, dégout, rage, colère, agacement. Voilà tout ce que je ressens de façon égale. Mes hormones, maudites soient-elles, ne me facilitent pas la vie. Je déteste cela, être jalouse, souhaiter qu'il n'ait personne d'autre, le vouloir pour moi et moi seule. Parfois, je tente de me convaincre que je souhaite tout ça pour le bébé. Une main discrètement posée sur mon ventre, je me rends à l'évidence. Sa douceur ne fait que de réveiller mes sentiments, et je me surprendrais presque à le souhaiter plus incisif, moins doux, moins compréhensif, moins adorable. Cela serait plus aisé de se détacher ainsi.

Le voir auprès des autres me crispe de plus en plus. Et ça en devient dérangeant pour moi. Je déteste me voir dans un tel état pour un mec. Surtout que je me sens déjà faible vis à vis de lui. Ma contrariété ne va pas aller en s'arrangeant parce que la chemise que je viens de terminer est pour un des mecs avec lesquels il traine de temps en temps. A cette heure, ils sont souvent ensemble alors je dois obligatoirement le voir trainer avec une de ces trainées à moitié déshabillées. En pensant à cela, je resserre les pans de mon gilet autour de moi. Mon jeans noir me rassure, c'est la pièce préférée de mes vêtements il me met parfaitement en valeur mais je ne pourrais plus le porter bien longtemps tant il est ajusté. Râlant toujours, je me fais violence et sors de mon atelier avec les deux nouvelles chemises pour le jeune homme. Rapidement, je me dirige vers les salons le pas pressé, oppressé, stressé. Une fois sur place, une musique langoureuse retentit et finit de me tendre. Bien sûr ils sont tout à leurs activités écoeurantes. Et je m'arrête un instant en voyant Ezra  et ma mâchoire se serre. Je soupire, et me dirige vers son collègue que je dois habiller. Sa bouche est perdue dans celle d'une blonde pulpeuse et il semble intrigué que je me tienne devant lui. « Salut, on m'a dit que tu avais besoin de nouvelles chemises. Comme j'avais tes mensurations je t'en ai fais deux. Tu pourras passer à l'atelier si tu souhaites autre chose, au niveau couleur ou tissu. » Avec un sourire poli, je tourne les talons et me dirige vers Ezra, avant de l'attaquer avec humeur sans presque m'en rendre compte « Merci de daigner me saluer ! »