La semaine, tout comme la journée, touchait enfin à sa fin et Adrian n’avait qu’une envie : se détendre. Non pas en se posant devant sa console de jeu, ni en allant à la Rose Rouge. Il avait juste envie de jouer au rugby. Et pour ça, il n’avait qu’à se rendre au parc : il y’avait toujours des jeunes qui squattaient le terrain, et qui étaient à la recherche de joueurs en plus. Aujourd’hui encore, ça n’avait pas manqué, et rapidement, Adrian se retrouva dans les rangs d’une équipe qu’il ne connaissait pas. Vêtu d’un short noir et d’un tee-shirt gris, il patientait, attendant que le match commence. La première mi-temps se déroula merveilleusement bien : Adrian était tombé sur une équipe de joueurs doués et sympathiques en plus de ça. Ils firent alors tous une pause, et le jeune russe s’empara de sa bouteille d’eau, se désaltérant à grandes gorgées. Une voix féminine parvint alors à ses oreilles. Adrian se retourna, afin de faire face à Zelda. Immédiatement, un sourire s’installa sur ses lèvres : « Tu tombes à pic, j’avais envie de faire des passes avec quelqu’un. » Il fit signe à l’un des joueurs, et ce dernier lui envoya directement le ballon. Adrian le rattrapa au vol, puis, il s’écarta de quelques pas. Avant ça, il se retourna à nouveau vers la jeune femme, soufflant juste : « Au fait, le flemmard t’emmerde. » Adrian s’éloigna alors, installant une bonne distance entre eux. Ils se firent une passe. Puis une deuxième, et enfin une troisième. Soudainement, ballon en main, le russe se figea, faisant mine d’observer un point derrière Zelda. « Oh, bonsoir Monsieur Petrovsky. » La réaction de Zelda ne se fit pas attendre, elle se retourna vivement, telle une enfant prise en faute. Sans plus attendre, Adrian envoya le ballon en sa direction, un sourire moqueur aux lèvres : « Et voilà ! Incapable de rattraper un simple ballon. T’es vraiment pas douée. »

Adrian affichait un sourire mi-amusé, mi-moqueur. S’il était fier de son coup ? Bien sûr que oui. Non seulement il avait choppé le point. Mais en plus de ça, il l’avait énervé. Porter Zelda sur les nerfs était devenu l’un de ses passe-temps favoris depuis bien longtemps. Il était le premier à se moquer d’elle et à se foutre de sa gueule. Néanmoins, s’il apprenait qu’un autre le faisait, il n’hésiterait pas à jouer au ‘mec protecteur’. Après tout, Adrian avait toujours été possessif. Même envers les quelques amis qu’il avait. « Bien sûr. Tu trouves pas ça drôle ? » Il haussa les sourcils d’une manière innocente, qui ne lui allait pas. Il n’était absolument pas crédible, à jouer les petits saints comme ça. Il réceptionna le ballon entre ses mains, avant de la provoquer légèrement : « Pas mal, pour une femme, la force dans ton lancer. » C’était bien sûr ironique, même s’il y’avait une part de vérité dans ses propos. Le petit sourire de chieur qu’il affichait gâchait tout : au lieu de le prendre comme un compliment, elle le prendrait comme un sacré foutage de gueule. C’était l’effet recherché en tout cas. Zelda le défia alors. Il savait très bien que ses paroles à elle transpiraient l’ironie, mais il décida de prendre volontairement la chose au premier degré. Alors, serrant les mains autour du ballon, Adrian rejeta légèrement la tête en arrière, et il s’époumona : « Monsieur Petrovsky ! » Pour bien accentuer l’effet, il tira même sur la dernière syllabe. Lorsqu’il referma sa bouche, ce fut pour lui adresser un nouveau sourire plein de provocation. Seulement… Il ne s’était pas attendu à ce que l’interpellé se trouve dans ce parc, au même moment. Adrian l’aperçut de loin, visiblement à la recherche de la personne qui avait gueulé ainsi son nom. Sans plus attendre, le jeune homme courut en direction de Zelda, lui attrapa la main au passage et l’attira ensuite avec elle derrière un arbre. Bonne cachette… La brunette le regardait, ne comprenant rien à la situation. Sans dire un mot, Adrian pointa discrètement du doigt le patron de la prostitué : « Quelle merveilleuse coïncidence. »

« C’est moi qui suis plus que canon. » répliqua ironiquement Adrian, blasé comme tout. Il avait l’impression d’avoir une gamine face à lui. Remarque, vu comme il était lui-même gamin, il avait tout intérêt à ne faire aucune remarque là-dessus. « Et puis, si tu le dis. » admit-il avec un petit sourire de chieur au coin des lèvres. La provoquer et la porter sur les nerfs étaient un pur plaisir. Adrian se délectait chaque fois des situations où elle s’emportait après lui. Maso ? Peut-être bien. Mais quand Zelda n’était pas occupée à râler après lui, elle avait tendance à l’allumer et à le chauffer. Ce qui ne le mettait pas forcément à l’aise, vu qu’il n’avait aucune envie d’une relation de ce genre avec Zelda. Il faut croire que, dans ces cas là, les rôles étaient alors inversés : c’était donc le phénomène de l’emmerdeur emmerdé. Adrian voulut faire le pitre. En revanche, il ne s’était vraiment pas attendu à ce que le principal concerné de ses pitreries face son apparition. Alors, ne voulant pas enfoncer Zelda à ce point –même si ça pouvait être jouissif-, Adrian l’attira avec lui derrière un arbre. Il n’avait pas pu trouver de meilleure cachette, choisissant en vitesse le premier endroit repéré. « J’espère que l’arbre est assez large pour te dissimuler… » Une énième plaisanterie, encore une fois. Et celle-ci était tout bonnement ridicule puisque Zelda avait un corps de rêve. Des longues jambes fines, une poitrine plutôt généreuse sans trop en faire, une peau bronzée qui avait l’air bien douce… Elle n’avait franchement rien à envier. Peut-être était-elle-même un peu trop maigre, au goût du Staklar. Mais pour l’enfoncer, tous les moyens étaient bons. D’un geste sec, il la tira à nouveau derrière l’arbre, afin qu’ils ne se fassent pas repérer. « Tu veux peut-être un gros panneau lumineux en forme de flèche à suspendre au dessus de ta tête ?! Reste tranquille. Et sois discrète. » Adrian s’adossa un peu plus au tronc d’arbre, prenant ses aises, s’il fallait rester là un petit moment. Même s’il n’avait rien à voir dans cette histoire et qu’il pouvait tout aussi bien sortir de sa cachette et se promener l’air de rien, il ne voulait pas abandonner Zelda là. Après tout, l’amitié, ça marche comme ça non ? Adrian n’était peut-être pas doué avec les mots, mais dans son attitude, il prouvait qu’il pouvait être un véritable ami quand même. « Je crois qu’il est parti. » murmura-t-il à l’attention de Zelda, après avoir jeté un coup d’œil derrière l’arbre. « En fait, je sais pas pourquoi je murmure. Pas comme s’il allait nous entendre. Enfin, c’est pour le style. » continua-t-il… toujours en murmurant.