tasya kovalenko ∞ le sexe est un caractère sociologique, après tout. C'était l’événement, ce soir là, à la Rose Rouge. La nuit de toutes les envies, ils avaient appelé ça. La seule contrainte vestimentaire ? Porter un masque. Ne pas être connu, reconnu était le principe de la soirée. Laisser libre court à ses fantasmes sans notre identité divulguée au grand jour. Ce soir là, je portais une robe courte, presque indécente. Qu'importe, personne ne s'en souviendrait le lendemain. Ce soir là, je portais un masque, noir, agrémenté de paillettes, recouvrant la partie haute de mon visage. Ce soir là, j'avais coiffé mes cheveux différemment. Méconnaissable, j'étais. Et ce n'était pas pour me déplaire. « Un diamant tel que vous ne devrait pas rester dans son écrin, il devrait briller au milieu de toutes ces pierres sans aucune valeur » me susurre-t-il à l'oreille. Il n'aura pas fallu longtemps avant qu'un autre client m’accapare. Adoptant mon ton le plus suave et le plus félin à la fois, je rétorque, doucement, penchant légèrement le cou pour qu'il y dépose ses lèvres. Offerte, une nouvelle fois. « Je n'aime pas étinceler en public, je préfère rayonner en toute intimité dans les yeux de mes amants » « Alors ne perdons plus une seconde, je veux voir cet éclat, vous me l'accordez ? ». Il me tend la main – suis-je vraiment en droit de refuser, je ne sais pas, mais il est différent, il demande mon autorisation. Je me saisis de sa main et il m'emmène au deuxième étage, dans une suite luxueuse. Commence alors le même jeu, le même rituel qu'avec les autres. Les baisers, les caresses. Plus ou moins lascives et les murmures, tant de murmures qui font grimper la température. Je garde mon masque pendant toute la durée de nos ébats, lui également. La soirée avait cet objectif non ? Nos corps épuisés s'effondrent alors, l'un à côté de l'autre, lascivement – presque tendrement. « C'était fabuleux, mademoiselle.. ? » « Tasya » je murmure, entre deux baisers volés. « Voudriez-vous me faire l'honneur de retirer ce masque Tasya, que je vois le magnifique visage qui encadre ce sourire angélique ? » Il me vouvoyait encore. Étrange. Mais les clients sont les clients. Je le vouvoie à mon tour. « Seulement si vous faîtes de même ». Il semble s'amuser de ma répartie et comme des enfants, nous retirons nos masques à trois. Un, deux, trois. Je retire l'artifice et repose mes yeux sur son visage avant de reculer brusquement, attrapant le premier drap venu pour couvrir ma poitrine – pour le principe, il connaissait déjà tout de mon corps. « Monsieur Wildmore.. qu'est-ce.. qu'est-ce que vous faîtes ici ? » Je n'arrive pas à discerner ses émotions. Il semble à la fois confus et... amusé par la situation. « Nastasya ? Je pourrais vous poser la même question. C'est comme ça que vous comptez réussir vos examens finaux ? » Je reste stoïque, incapable de réagir à ce qu'il venait de me balancer en pleine face. Il continue alors sa tirade, m'expliquant que nous allions devoir faire comme si cette parenthèse enchanteresse n'avait pas eu lieu, pour le bien de son métier et de mon statut d'étudiante propre sur elle. Je restais interdite jusqu'à ce qu'il se rhabille. Le rose monté aux joues, il s'approche de moi avant de quitter la pièce, tire le drap que je maintenais contre ma poitrine nue et se penche vers mes lèvres. Un baiser, qui semblait sceller un pacte secret. « à la prochaine fois, Tasya » souffle-t-il contre mes lèvres. Non monsieur, jamais, il n'y aura jamais de prochaine fois, vous êtes le professeur, moi l'étudiante, cette fois-ci était une erreur, une terrible erreur, voilà tout... mais alors pourquoi mon corps réclame-t-il le contraire ?