« Tu m’explique Naël ? » Mon père est entré telle une furie dans ma chambre. Jamais il n’avait fait cela auparavant. D’ailleurs je me demande même comment il connaît l’existence de cette pièce. Dans sa main gauche, un papier que je reconnais tout de suite, mon bulletin de note. Comment est-ce qu’il a bien pu le trouver ? Je n’ai jamais eu de souci jusqu’à présent. Je soupçonne l’école de l’avoir appeler. J’ai dix-huit ans et l’école est le dernier de mes soucis. Je préfère aller faire du skate avec mes copains, jouer de la guitare ou draguer les filles. L’école ça ne me plaît pas. Enfin… Si. L’école me plaît, mais juste pour aller à l’encontre des rêves de mes parents, je ne travaille pas. Je ne veux pas reprendre l’entreprise familiale. Je rêve juste de quitter cette maison et surtout je rêve de faire de la musique pour vivre. Et je crois que cela va arriver plus rapidement que prévu. « Ca t’intéresse maintenant ? » Je sens que le regard de mon père devient de plus en plus noir. Il a toujours été du genre à me faire des menaces. C’est tout ce qu’il sait faire d’ailleurs. Me menacer. Une fois il a levé la main sur moi aussi et on dirait qu’il va recommencer aujourd’hui. Il m’attrape par le col de mon tee-shirt et me planque contre le mur avec une violence rare. « Tu va te mettre à travailler Naël ! Tu es la honte de cette famille. Je me demande pourquoi j’ai un enfant comme toi. Travaille ou tu va te retrouver à la rue. » Cette fois je ne peux plus retenir la colère qui monte en moi. Il ne c’est jamais occuper de moi, ma mère non plus d’ailleurs et maintenant je l’intéresse parce qu’il voit que je lui échappe. C’est trop. « Je préfère encore me retrouver à la rue que d’être lié à toi ! » Il me lâche et pose le papier sur mon bureau. « Alors tu as jusqu’à demain pour quitter la maison. » Je n’y crois pas. Mon père viens de me jeter dehors et ce sans aucun scrupule. « A partir de maintenant je n’ai plus de fils ! » finit-il par dire avant de quitter ma chambre. « Tant mieux ! » hurlais-je. En une heure j’avais récupérer tout ce que je voulais garder et le soir même je partais dormir chez un ami. Je pensais être libre. Ce n’était que le début de la galère.

Très vite mes amis ne voulaient plus me loger gratuitement et je n’avais aucune qualification pour trouver un job. Alors j’ai abandonné l’école et j’ai commencé à traîner dans les rues de Londres. Au départ, je jouais un peu de guitare sur les places publiques afin de me faire quelques sous. Et puis un soir, au détour d’une rue, j’ai fait la connaissance d’Ezrà. Il avait deux ans de plus que moi et à en quelque sorte vécu la même histoire que moi. Pour subvenir à ses besoins, il faisait des petits trafics. Je le voyais revenir avec des liasses de billets de plus en plus imposantes et après réflexion je suis rentré dans son petit business. Très rapidement j’ai compris comment il fallait agir. Je me suis fait une liste de client qui ne cessait de s’agrandir. Visiblement j’avais la gueule de l’emploi. Puis j’ai été approché par une bande de garçons qui trafiquait également dans notre secteur. Des Russes. Ils m’ont parlé de leurs pays, de l’argent que je pourrais me faire là-bas. Ils me trouvaient bon dans les affaires. J’ai bossé quelques temps avec eux sur Londres et quand j’ai eu assez d’argent, j’ai décidé de partir pour la Russie. Je ne voulais plus vivre dans la capitale anglaise. Je voulais voir autre chose, je voulais m’échapper. Et puis on m’avait proposé une vie de rêve là-bas…

« A quoi tu pense mon beau ? » Je relève les yeux et croise le regard empli de tendresse de cette femme bien plus âgé que moi. Cela fait trois mois que j’ai débarqué en Russie. Les débuts ont été assez laborieux. J’ai du mal à trouver ma place… Mais petit à petit j’ai construit mon petit réseau. Depuis peu je refourgue toutes sortes de drogues. Ayant un peu de mal à bien gagner ma vie au début, j’ai entrepris une deuxième carrière si on peut dire les choses comme cela. Un soir je me suis fait aborder par une très belle femme dans un bar et elle m’a fait une demande assez troublante. Elle voulait me payer pour ma compagnie. Rien de plus. Elle ne voulait pas que je couche avec elle, mais juste que je vienne dîner avec elle de temps en temps où l’accompagner à des galas. J’ai accepté sans réfléchir. Cette femme m’as couvert de cadeau. Elle m’a offert un appartement luxueux, une montre, une voiture et des vêtements a ne plus en finir. Elle m’a entretenue pendant des mois jusqu’à ce que son mari décide que c’était trop. Mais entre temps, elle m’avait présenté à ses amies. Je suis l’escort d’une bonne dizaine d’héritière et autres femmes riches à souhait.

Appuyer contre le chambranle de la porte de ma chambre d’amis, je regarde une jolie brune dormir profondément. Il pleuvait à torrent ce soir quand je l’ai trouvé en pleurs dans la rue. Habituellement j’aurais passé mon chemin, mais je ne sais… Elle m’a troublé et j’ai juste voulu l’aider. Au final, elle vient de s’endormir chez moi. Irina. Une magnifique brune qui comme moi il y a quelques mois à fuit de chez elle. Je n’ai pas osé lui demander pourquoi. Elle avait besoin d’aide c’est tout… Je finis par aller me coucher et me fais réveiller par du bruit dans la cuisine. La jeune femme est visiblement en train de chercher quelque chose dans mes placards. « Oh désolé. Je ne voulais pas te réveiller. J’ai vu ta machine à café, mais je ne trouve pas de dosette… » Un sourire se dessine sur mon visage. Elle fait déjà comme chez elle et je dois dire que ça me plaît. « Dans le placard au-dessus de l’évier. Tu m’en fais un aussi ? » Je m’installe au bar attenant à la cuisine et la regarde évoluer dans mon appartement. Elle est sublime. « Tu sais… Si tu peux rester autant que tu veux ici. L’appartement est assez grand pour deux et puis je n’aime pas vivre seul. » Je lui offre un nouveau sourire et je la vois rougir. Cela la rends encore plus mignonne je trouve. « C’est gentil. »

Un an plus tard,

Nous venons de passer la soirée au restaurant avec Irina et je l’ai un peu poussé à jouer à un jeu débile. Je voulais voir qui de nous deux tiendrais le mieux la vodka. Je pensais qu’elle allait me battre à plate couture. Je me suis bien tromper. Irina rigole toute seule alors que je viens de la coucher dans son lit et ce soir je n’ai pas le courage de la laisser seule. Depuis quelques temps, je me suis rendu compte que j’avais comme des sentiments pour elle. C’est quelque chose que j’ai du mal à maîtriser, mais je ne sais pas… Ce soir tout est différent. « Bonne nuit ma jolie. » lui dis-je doucement tout en lui caressant la joue. J’ai juste envie de rester à ses côtés, je n’ai pas envie de la quitter. Alors je m’allonge doucement à côté d’elle pour finalement la prendre dans mes bras. « A demain... t'm. » Ses paroles me touche plus que je ne l’aurais jamais imaginé. Irina s’endors dans le creux de mes bras et je passe une bonne partie de la nuit à la regarder dormir. Au final, c’est au réveil que tout va se bousculer. Tel un ami prévenant j’ai préparé un bon petit déjeuner à ma colocataire pour soigner sa gueule de bois. Je pensais qu’on allait juste traîner au lit à regarder des films débiles et alors que je me tournais vers Irina celle-ci m’embrasse tendrement. Surpris, je la rejette quelque peu sans le vouloir. On se jauge un instant, j’hésite et au final c’est moi qui viens de nouveau emprisonner ses lèvres dans un tendre baiser. J’en avais rêvé et c’est juste un moment parfait. Jamais je n’aurais imaginé que l’on en arrive là tous les deux et pourtant. On se dispute souvent pourtant et toujours à cause de la même chose : nos boulots respectifs. Je n’aime pas le fait qu’elle bosse dans une maison close et elle ne supporte pas de ne rien savoir sur mes activités professionnelles. Je ne pourrais jamais lui dire que son homme deal et occupe les soirées de femmes riches à millions. Je commence à avoir honte de mon côté escort boy, mais c’est grâce à cela que l’on peut vivre tranquillement et sans crainte tous les deux.

« Non cette fois j’en ai marre Naël. Regarde-toi… Qui t’as fait ça ? » Pour la troisième fois en un mois, je reviens quelque peu amoché après une soirée à dealer. Je dois de l’argent à des gens très influent et ils commencent à s’impatienter. Il ne me manque que quelques billets pour leurs rendre ce qu’ils veulent, mais voilà j’ai quelques jours de retard et cela ne leurs plaît pas du tout. Du coup, ils ont envoyé leurs hommes pour me donner une petite leçon. Pour être franc, je pense que je l’ai bien retenue… J’ai mal de partout et en particulier aux côtes. Je crois que j’en ai une de briser peut être même plusieurs. « C’est rien Irina, te fais pas de souci. » Je n’aurais jamais dû dire cela. D’un seul coup, elle s’emporte, elle crie, elle s’énerve et encore une fois on se dispute. On se couche fâcher et au final le lendemain tout sera régler. C’est devenu une habitude et pourtant on est heureux tous les deux. On s’aime. Depuis un an, ma vie semble un peu moins morose grâce à Irina.