Les rires, les verres et les plans dragues - plus ou moins foireux - se succédaient. Machinalement, elle jeta un oeil sur son portable. Aucun message. Tant mieux. Depuis quelques heures qu'elle était là, elle n'avait pas reçu le moindre coup de fil. C'était une chose à la fois surprenante et reposante. Elle rangea l'appareil dans la poche arrière de son jean. Distraitement, elle écouta la dernière anecdote de son amie et, à l'instar des deux autres filles qui les accompagnaient, un petit rire cristallin traversa la barrière de ses lèvres. Elle se laissa tomber contre le fauteuil, reposant son dos contre le dossier. Son regard s'attarda sur les deux inconnues qui avaient décidé de s'asseoir avec elles. Une grande blonde à la poitrine généreuse - très probablement refaite - et une autre, plus petite dont les cheveux rouges ressortaient sans grande peine malgré la lumière tamisée du lieu. Elle fit vagabonder son regard sur elles. Elles n'étaient pas vraiment belles si on les détaillait. Mignonnes, à la rigueur mais rien de plus aux yeux de la fille de joie. Elle ferma les yeux et rejeta la tête en arrière. Rapidement, elle se perdit dans ses pensées. Malheureusement pour elle, ce ne fut que de courte durée. La blonde avait attrapé ses mains et la tirait pour aller danser sans doute. S'armant d'un large sourire, Zelda se leva. Elle arrangea son jean moulant ainsi que son top blanc - à la limite du transparent - et rejoignis la piste de danse. Son corps commença à bouger, calé sur le rythme de la musique - ou plutôt du boum incessant - qui régnait dans le club. Les yeux fermés, un large sourire sur son visage d'ange, elle se perdit totalement, se laissant aller là où ses pieds la guidaient. Au bout d'un moment, elle calma le jeu. Elle avait perdu les filles dans la foule. Tant mieux. Sa tête commençait à lui tourner. Elle respira longuement puis, tâchant de reprendre un air assuré, elle se dirigea vers le bar. Elle dû jouer des coudes avant de pouvoir poser ces derniers sur le comptoir. Elle s'installa sur un tabouret haut et balança sa main afin d'attirer l'attention du barmaid. « - Vodka. » Simple, clair, net et précis. « - Tiens donc, j'aurais jamais crus pouvoir te croiser un soir sans que tu ais les cuisses ouvertes pour un client. » Ses yeux bleus se plissèrent alors qu'elle pivota vers la voix. Lui, bien sûr ! Qui d'autre. « - Qui te dis qu'elles n'ont pas déjà été ouvertes dans la soirée. » Faux. Aujourd'hui, rien du tout. Le calme plat. Elle l'avait demandé, pour une fois, elle pouvait se le permettre. Elle accepta le verre - puisqu'il lui était gentiment offert - et l'avala d'une traite avant de le reposer sur le comptoir. « - Qu'est ce que tu fais là, t'es en chasse ? »

Elle le toisa durement. Ses réflexions, elle les connaissaient par coeur depuis le temps et pourtant, cela n'empêchait pas un certain agacement de faire surface. Ses doigts fins se resserrèrent autour du verre vide. Un signe de la main au barmaid et son verre fut à nouveau plein. Sans quitter Pasha de ses yeux bleus, elle avala sa vodka d'un trait. Un petit sourire taquin étira ses lèvres finement maquillées. Comme bien souvent, Zelda leva les yeux au ciel. « - Tu cherches de nouveaux hommes à faire tomber dans ton piège ? Les séduire, leur faire une pipe et leur dire que pour conclure il faudra des billets en plus ? » Elle arqua les sourcils et, étonnement, elle resta docile lorsque sa main se posa sur sa joue. Du coin de l'oeil, elle l'observa. Néanmoins, elle ne tarda pas à poser sa main sur celle de l'homme et la retira sans plus de cérémonie. Elle la reposa sur sa cuisse et la lâcha pour récupérer son verre, un peu trop vide à son goût. « - Ces petits billets en plus te payent ta vodka au cas où tu l'aurais oublié. » Son petit sourire s'étira encore un petit peu plus sur le bas de son visage d'ange. Le quittant du regard quelques secondes, elle enchaîna, adoptant le même ton provoquant que lui. « - Et toi, fais donc attention à ne pas claquer en pleine action. Fais donc une pause aussi. » Se retournant sur son tabouret, elle se replaça en face de lui. Ses doigts fins tapotèrent le bord du comptoir, inconsciemment. Pour la troisième fois, elle héla le barmaid, lui demandant deux nouveaux verres. L'un pour Pasha, le second pour elle même. Avec un signe de tête à son égard, elle porta le verre à ses lèvres. Le liquide qui, au départ lui réchauffait la gorge, était bien plus agréable maintenant.

« -  C'est vrai que je devrais songer à me modérer. J'ai tendance à beaucoup trop me donner durant l'acte, ça en devient fatigant. » Elle ne pu s'empêcher de lever les yeux au ciel, signe d'agacement envers le jeune homme. Ses doigts recommencèrent à tapoter le bord du comptoir avant de se refermer autour du shooter. Shooter qu'elle ne tarda pas à brandir vers le barmaid, lui faisant clairement comprendre ses envies du moment. « - Modeste en plus. » Elle se laisse aller, posant les coudes sur le bar tandis que ses prunelles bleues viennent à la rencontre de celles de Pasha. Elle n'avait qu'une seule envie, effacer ce petit sourire satisfait qui trônait sur son visage. A nouveau, ses yeux roulèrent. Avant de répondre quoi que ce soit, elle s'empara de son shooter à nouveau rempli et, faisant mine de trinquer avec lui, elle s'empressa d'avaler le liquide. Les gestes se répétaient, machinalement. Elle savait très bien comment le lendemain serait mais cela ne l'empêchait pas pour autant de boire comme un puits. Un puits sans fond. « - Tant qu'il y a de l'action, je ne m'ennuie pas. Ou du moins, je les laisse penser ça. » Un petit sourire espiègle se dessina sur ses lèvres rosées. Ses doigts, quant à eux, avaient rejoint le bras de Pasha qu'elle parcourait inconsciemment. Continuant son petit manège, elle quitta son tabouret pour s'approcher davantage de lui. Passant sa langue sur ses lèvres pour les humidifier, elle senti son sourire se faire plus grand. Elle continua d'approcher ainsi son visage pour se retrouver contre son oreille.  « - Avoues que je suis plutôt forte quand il s'agit de jouer la comédie. » Sa voix s'était faite douce, à l'instar du velours puis, satisfaite d'elle même, elle remonta sur le haut tabouret et croisa ses jambes l'une sur l'autre. Elle n'avait jamais réellement simulé lorsque Pasha avait été l'un de ces fameux amants d'une nuit ou deux et pourtant, jouer ainsi, quitte à lui raconter du tout et n'importe quoi, l'amusait plus que ce qu'elle aurait pu penser. Puérile ? Probablement. Légèrement alcoolisée ? Plus que ça. Bourrée ? A peu près.

Son large sourire ne la quittait pas. Bien au contraire. Elle ancra son regard bleu à celui de l'homme qui déjà se redressait dans le but de se rapprocher d'elle. Elle leva légèrement la tête, gardant ce contact presque précieux. « -  Tu as toujours su jouer l'indifférente, comme si cette vie te convenais. J'aimerais pouvoir te comprendre un jour et savoir ce que tu penses vraiment. » Elle ne broncha pas, se contentant encore et toujours de l'observer. Elle se redressa à son tour, se collant davantage contre lui. Bien malgré elle, un frisson la pris de cours lorsqu'elle senti la main de Pasha descendre lentement le long de son échine, se posant naturellement sur ses reins. A nouveau, son petit sourire espiègle repris le dessus, se positionnant sur son visage lisse. « - Ne cherches pas à me comprendre. Tu en aurais probablement pour toute une vie. Ou plus. » Jouer les filles inaccessible semblait être la marque de fabrique de la fille de joie. Il s'agissait là d'un moyen qu'elle avait trouvé afin de se préserver et de s'éloigner de cette vie de débauche qu'elle menait. Vie qui ne lui convenait pas forcément mais dont elle tirait certains avantages. Elle savait très bien que, dans ce domaine là, l'argent coulait à flot. c'était là une sécurité pour elle. Zelda posa l'une de ses mains sur l'avant bras de l'homme, remontant doucement jusqu'à sa main posée sur son visage. « - Pourquoi tu ne me dis pas à quoi tu penses ? Ton cerveau d'en haut du moins. »

« -  Tu t'obstines à croire que les genres de regards que tu lances aux hommes, ta manière de poser tes mains sur eux, leur laissent le pouvoir de penser à autre chose ? Dis-moi que tu n'es pas naïve à ce point. Il paraît que nous sommes tous les mêmes. Nous pensons tous au moment où tu seras enfin notre, où nous t'affaiblissons et au moment où ton regard devient vide. Mais je suis sûr que tu es assez intelligente pour savoir exactement ce que tu es en train de faire. »  Elle ne pipa mot, se contentant simplement de hausser les épaules par moment. Qu'ajouter de plus ? Naïve ? Non, elle ne l'était pas. Elle ne l'était plus du moins. Dans son métier, elle avait appris à se méfier et, malgré les dires de Pasha, elle savait manipuler et faire croire ce qu'elle avait envie. Donc non, elle n'était pas naïve et oui, elle continuait de penser et surtout d'observer l'effet qu'elle avait sur les hommes. Dans un certain silence - en opposition avec le vacarme qui régnait dans la boite - elle attrapa le shooter qu'il lui tendit et le bu avant de le reposer sur le comptoir. Elle continua de se rapprocher de lui, réduisant le fin espace entre eux au néant. « - J'ai même pas besoin de jouer avec toi. » Elle ancra son regard au sien. Un petit sourire naquit aux coins de ses lèvres douces. Elle posa une main sur son épaule et, délicatement, sensuellement, elle commença à faire courir ses doigts au niveau de sa clavicule jusqu'à son torse avant de simplement retirer sa main. Zelda croisa ensuite ses bras sur sa poitrine sans jamais se défaire du regard de l'homme. « - Et toi, que désires-tu, tout de suite ? »

Pendant une fraction de seconde, elle ferma les yeux, se laissant aller aux sensations qui l'entouraient. La musique battait son plein et, malgré tout, il était plutôt difficile d'avoir une conversation ici. Encore aurait-il fallut chercher à réellement parler ce qui n'était ni le cas de Pasha ni celui de Zelda. Lorsque ses yeux bleus s'ouvrirent à nouveau, il était plus proche d'elle que jamais. Bien que plutôt grande, elle dû tout de même lever légèrement la tête afin de plonger ses yeux dans le regard envoûtant de l'homme. Elle se retrouva plus ou moins prise au piège. Dans son dos, elle pouvait sentir le comptoir tandis que face à elle, Pasha la bloquait. Ses mains se posèrent doucement sur ses bras qu'il décroisa. Zelda n'émit aucune résistance. Elle se laissa faire. Loin d'être naïve et crédule, elle savait très bien ce qui allait se passer et ne fit rien pour le retenir. Ni se retenir elle même. Elle laissa ses mains dans le dos de l'homme qui fondit sur son visage. Leurs lèvres se retrouvèrent rapidement soudées l'une à l'autre. Sans un mot, sans rien, elle lui rendit son baiser et, lorsqu'il décida d'y mettre fin, elle le regarda, intensément. « - Tu le sais très bien. Tu l'as toujours su depuis le début. » Un petit sourire fier s'installa sur le visage de la russe qui ne le quitta pas du regard. Ses mains quant à elles glissèrent légèrement dans son dos, s'arrêtant au bas de celui ci. Elle ne les retira pas pour autant. Elle approcha à son tour son visage de celui de l'homme. Elle resta presque collée à lui quelques secondes avant de faire dévier ses lèvres rosées vers son oreille. « - Peut-être bien que oui. Peut-être bien que non. » Son sourire s'étira. Elle déposa un baiser au coin de sa bouche et se recula légèrement sans jamais le lâcher.