Je venais de rentrer de soirée, il était à peu près sept heures du matin, lorsqu'il s'est mis à pleuvoir. Ce jour-là, je me souviens que j'étais réellement tombée au fond du trou. Depuis l'âge de mes seize ans, lorsque ma mère est partie en prison après s'être fait attraper avec beaucoup de drogue dans ses poches, je m'étais débrouillé parfaitement, enchaînant les petits boulots, arrêtant mes études afin de pouvoir gagner un peu d'argent. Seulement, je n'arrêtais pas de me faire virer et peu de personnes ne voulaient m'embaucher parce que je manquais cruellement d'expérience. J'ai donc voulu à cette époque oublier tout ça notamment grâce à l'alcool et aux soirées. Malheureusement, j'oubliais à l'époque que participer aux soirées, notamment en boîte de nuit, pouvait coûter beaucoup d'argent. Du coup en sortant de soirée cette matinée là et après avoir ouvert mon porte monnaie totalement vide je me suis rendu compte que je ne pourrai jamais réussir à payer le loyer de mon tout petit appartement ce mois-ci et que j'allais donc me faire virer et terminer à la rue. Du coup, ce matin là, je me suis mise à marcher sans véritable but dans la rue, chaussures à la main et larmes aux yeux. Comment vais-je m'en sortir ? Est-ce que je devrai continuer le travail de ma chère maman et vendre à mon tour de la drogue ? Peut-être que celle-ci était également au fond du trou lorsqu'elle s'est mise à vendre de la drogue ? Peut-être n'aurais-je pas du m'en prendre autant à elle et lui en vouloir à ce point d'être allé en prison en m'ayant laissé là ? Certes, je n'ai jamais connu mon père ce qui prouve à quel point ma mère peut-être responsable et pourtant c'est tout de même ma mère. Au fur et à mesure de ma marche, je me rends compte que je termine ma réflexion devant chez moi. Pénétrant dans l'immeuble, j'avais pris mon courrier comme tout les jours et j'ai découverts une lettre plus ou moins inquiétante qui vient de la prison. Ma mère. Commençant à lire la lettre petit à petit, j'avais découverts que celle-ci m'a laissé plus de vingt mille dollars de dettes que je dois rembourser si je ne veux pas terminer à mon tour en prison. Je me souviens avoir dégluti et les larmes se sont mises à couler toutes seules, je n'avais aucune idée de ce que je pourrai faire. Glissant contre le mur à côté des boîtes aux lettres, je me souviens avoir pleuré pendant une heure environs, n'arrivant pas à m'arrêter.


Je me souviens m'être relevé au bout de plus de deux heures par terre et m'être dirigé dans un lieu bien spécial. A l'époque, l'idée qu'il puisse y avoir une maison close dans laquelle de vieux pervers pourraient s'envoyer en l'air était très dégradant pour la femme et pour moi-même. Cependant, j'avais rencontré une femme qui travaillait dans ce lieu si spécial et qui m'avait conseillé d'en faire parti. Pour elle, le fait de pouvoir s'envoyer en l'air pour du fric était le pied total, elle pouvait combiner plaisir et argent. Et puis, je me souviens qu'elle m'avait dit que ce travail était un travail comme un autre, mais que contrairement aux prostituées qui travaillaient dans la rue, le lieu était très encadré et on ne risquait absolument pas de tomber sur un psychopathe. Je m'étais moquée d'elle à cette époque là, pour moi il était absolument impossible d'aimer ce travail. Seulement alors que j'étais par terre et que je pleurais, je m'étais rendu compte que c'était la seule solution pour réussir à rembourser mes dettes. Je m'étais donc relevé et m'étais dirigée jusqu'à ce lieu si particulier que pouvait-être Rose Rouge. Le nom était peu commun, un peu déluré et très intéressant pour une maison close. Arrivant là-bas, j'avais demandé à voir mon amie que j'avais rencontré l'autre soir afin qu'elle me mette en contact avec quelqu'un de la maison pour pouvoir intégrer cette maison. Et c'est ce qu'elle fit. Quelques heures plus tard, j'avais déménagé mon appartement en vitesse afin d'aménager dans la Rose Rouge. Oui, cette maison close serait ma nouvelle maison, c'était décidé. Alors que je m'étais installée et que j'étais dans le canapé, on vint me chercher pour m'annoncer que j'avais mon premier client. Je m'étais donc relevée, m'étais tournée vers cet homme et avait sourit, mon plus beau sourire, prête à partir travailler.


Ce métier m'a appris à ne pas développer de sentiments pour mes clients. Et au départ, c'était bien parti. Les clients, je leur offrais des sourires, je leur offrais mon corps mais jamais, oh diable jamais, je ne leur offrait mon corps. Jusqu'au jour où cet homme est arrivé. Cet homme, je l'ai directement trouvé mignon, un visage d'ange et environs vingt-cinq ans, pas plus. Au départ, j'étais prête à lui offrir une partie de jambe en l'air et c'est tout. Seulement, quand on est arrivé dans la chambre qui m'étais destiné et qui lui était destiné, celui-ci s'est installé sur le lit et m'a avoué qu'il ne voulait pas coucher avec moi et que les femmes ne méritaient pas ça pour lui. Alors on a commencé à parler. Cet homme s'appelait X, il était ingénieur et s'était fait offrir les services de la maison close par son patron qui voulait qu'il se détende. Cependant, malgré que celui-ci soit célibataire et n'est pas couché avec une femme depuis quelques temps déjà (selon ses propos), il refuse de coucher avec moi de cette façon. On a alors parlé pendant longtemps (précisément, le temps payé par son patron pour qu'on couche ensemble) et pour l'une des premières fois de ma vie je me suis confiée à cet inconnu. A la fin du temps prévu, j'ai raccompagné celui-ci jusqu'à l'entrée avant de lui dire au revoir et alors que je m'apprêtais à l'embrasser tendrement sur la joue, celui-ci m'a tendu sa carte et m'a demandé de l'appeler afin qu'on puisse se revoir un autre jour. A cette époque, je m'étais dit ' pourquoi pas ? ' Je savais que je brisais les règles de la maison close et que je m'étais fixée et pourtant cet homme en valait la peine pour moi. Je l'avais appelé quelques temps après pour qu'on puisse sortir et lorsque j'avais entendu une voix féminine au téléphone, je m'étais rendu compte que tout ce qu'il avait pu me raconter était un ramassé de conneries. Je m'étais faite avoir par cet homme au sourire d'ange et m'étais promis de ne plus jamais retomber dans ce piège. Oui, à partir de ce jour je continuerai à m'amuser et ceux, jusqu'à ce que je devienne trop vieille pour la maison close. C'est vrai, après tout celle-ci avait finalement permit que je paye mes dettes laissées par ma mère et que je puisse même m'offrir des cadeaux qu'auparavant il m'était impossible de me payer. Rose Rouge avait changé ma vie et ceux pour une vie bien meilleure.