saint pétersbourg, 21 février 2012. Déjà plusieurs jours que je me retrouve à la ramasse. Il ne me reste plus que quelques sous que je compte précieusement pour subvenir à mes besoins premiers: Manger, me loger et me vêtir. Mes économies défilaient aussi vite que la lumière et pourtant, je pensais avoir de la marge. Impossible de faire machine arrière, je devais trouver un job. Je ne pouvais plus continuer à financer mes études tout comme payer un loyer au dessus de mes espérances. Il y avait un gros contraste entre ma vie en Angleterre où j'étais nourrie, logée et blanchie et à cet instant présent où je suis dépendante de mes propres économies qui s'épuisent petit à petit. Mais hors de question de retourner à Brighton. Autant de questions qui se posaient dans ma tête. Avais-je fait le bon choix en venant ici, en ne demandant aucune aide à personne ? Je voulais prendre mon envol, simplement. De ce pas, je décidais d'aller en ville, rechercher dans tous les coins et recoins des annonces pour des petits jobs. Il faisait froid, mes joues rougissaient face à la température extrêmement basse. Après deux heures de recherches, je décidais de m'installer prendre un chocolat chaud dans le petit café du coin, si convivial et chaleureux. Bizarrement, des flyers étaient disposés dans un petit coin du comptoir du bar. Bingo, une annonce pour un poste de serveuse. "Rose Rouge", assez bizarre comme nom. Je ne me doutais pas un seul instant de la nature de ce lieu. En quelques mouvements, je m'empressais de taper le numéro indiqué sur mon cellulaire pour avoir de plus amples informations directement en ligne avec le lieu qui proposait ce job. C'était simple, je me voyais dans ce poste; Une femme élégante, agréable, souriante et professionnelle. "Bonjour, suis-je bien à la Rose Rouge ? (...) Je me présente, Livia Volodia, je suis intéressée par votre petite annonce..." A cet instant, je n'avais aucune idée de la nature de l'histoire où j'allais m'embarquer.


saint-pétersbourg, 26 avril 2013. Déjà un an que j'occupe le poste de serveuse à la Rose Rouge. Quand je repense à toutes ces péripéties pour un arriver jusque là, j'en rie encore beaucoup. La Rose Rouge n'est autre qu'une maison close, mais pas n'importe la quelle. Elle est classe, distinguée, très chic. On n'y côtoie pas n'importe quelle clientèle. Seulement des hommes riches et sûrs, nous savons qu'ils sont droits et seulement venus pour combler leurs désirs, leurs plaisirs et leurs fantasmes les plus profonds... "Livia, une commande est prête pour la table de Mr. Parguev ! On a besoin d'aide ce soir !" Le patron était là ce soir-là à scruter les moindres faits et gestes de tous ses employés et de ses filles de bonne compagnie. Ma robe était courte, moulante et j'étais mal à l'aise dedans. De plus, servir en talons de plusieurs centimètres de hauteur me compliquaient davantage la tâche. "C'est comme si c'était fait, Monsieur !" Je faisais toujours en sorte d'être la plus efficace possible dans mon job, je ne voulais pas perdre ma place, même au bout de nombreuses années, je me devais de faire un travail irréprochable. Ainsi, plateau à la main et allure élégante, je m'avançais de façon sensuelle vers la table destinée, tout devait être parfait. Sourire au lèvres, regard charnel et attitude passionnée, tel était mon rôle à tout moment. "Pour vous Monsieur, n'hésitez pas à m'appeler si vous avez besoin de quoi que ce soit." De ce pas, je revenais derrière le bar, à la fois souriante mais pourtant si épuisée.


saint-pétersbourg, 26 avril 2014. Il était là, encore et toujours auprès de moi. je me devais de rester professionnelle, ne pas mélanger le travail avec la vie privée. Mais à ma place, que feriez-vous ? Deux années consécutives que je travail avec ce beau jeune homme, grand, musclé et au visage d'ange. De quoi en faire tomber plus d'une à la renverse. Je ne fais pourtant pas partie de celles qui en quelques regards tombent amoureuses, non. Mais notre complicité, nos échanges deviennent à chaque fois plus intenses. "Lili, ma belle, tu veux bien venir avec moi deux minutes ?" Il avait ce don de m'amadouer en quelques mots. Mais j'aimais beaucoup le faire patienter, le faire tourner en rond. "Pourquoi moi, encore ?" Mais c'est avec un regard taquin et un sourire en coin que je m'avançais vers l'arrière du bar, en cédant à nouveau à sa proposition. On aimait bien s'échapper quelques instants, faire une pause dans notre job si prenant. On prenait le temps de parler de nous, de nos vies quotidiennes, mais aussi pour plaisanter. On se cachait, oui. Puisque nous sommes constamment surveillés et que le moindre faux-pas peut être radicale et nous mener droit à la porte. "Tu m'accorderais une petite escapade un de ces soirs ? Tu sais comme la dernière fois. J'ai vraiment apprécié." Notre relation était en ce moment même amicale, mais nous le savions, une attirance était là, inavouable par nos passés plein d'erreurs, mais les sentiments commençaient à apparaître petit à petit, à chaque moment ou nous passions du temps ensemble. Il était un ami, un confident, l'une des rares personnes à qui je m'ouvrais, avec qui j'aimais passer du temps. C'était le genre de personne qui vous met en confiance, qui est là pour vous, qui vous soutient et qui prend soin de vous. "Quand tu veux, je suis libre." Son visage s'illuminait, le mien aussi par ailleurs.