Le père de Vukašin était le représentant commercial d'une entreprise d'extraction de cuivre dont le siège se situait à Moscou. Chargé de renégocier les contrats liant la Russie et la République Socialiste de Yougoslavie, il s'est rendu à Belgrade et a rencontré Nevena Komnenović alors qu'ils prenaient tous deux un café à la terrasse d'un établissement après une belle journée d'été remplie. Elle était herboriste, venue en stage après l'obtention de son diplôme à la faculté de Niš, et ne savait pas combien l'homme qu'elle découvrait autour d'un espresso allait quitter sa vie aussi précipitamment que le noir contenu dans sa tasse. Mais il prit tout de même le temps de visiter l'arrière-boutique de l'officine où Nevena travaillait; lieu de la conception de Vukašin. Quelques heures suffirent à l'homme pour satisfaire ses pulsions et marquer à jamais la vie d'une jeune apprentie. (+) Né en plein hiver, Vukašin a pu entrapercevoir lors de l'acquisition de ses facultés visuelles, outre sa sublime mère délaissée au beau milieu d'une chambre vulgairement médicalisée, la neige qui tombait silencieusement de l'autre côté de la fenêtre donnant sur une petite série d'arbres. Âgé désormais de vingt-quatre ans, Vukašin n'a rien perdu de ses sensations à voir des flocons se créer une voie depuis le ciel jusqu'au sol. La neige est la chose qui rend à Vukašin la passion d'une certaine nostalgique et d'un temps perdu qui se suspend dans le vide. (+) Vukašin a perdu sa mère à l'âge de 17 ans, tuée dans un accident de voiture impliquant un poids lourd, alors que celle-ci était sur le trajet de l'école pour le récupérer. Il ne traîna que quatre mois chez une tante, avant de s'installer seul dans un studio pour achever ses études. (+) Vukašin ne le sait pas, mais son père biologique ne s'est pas limité à lui seul : il a une dizaine de demi-frères ou soeurs entre Vienne et Moscou. (+) Vukašin déteste le terme d'adoption, que sa première copine a prononcé lorsqu'elle lui a confié qu'elle ne voulait jamais être enceinte mais qu'elle avait le désir de devenir mère un jour. (+) Depuis qu'il a goûté à la Limskaya, Vukašin ne trouve rien de mieux à offrir comme présent qu'une bouteille de ce genre aux hôtes qui l'accueille. Il y en avait toujours au moins un fond dans son frigo d'ailleurs. (+) Vukašin ne sait pas comment mettre un préservatif. Cela lui a valu une abstinence tout au long de sa relation avec seconde petite amie qui s'est terminé après neuf mois de lassitude au sein du jeune couple. (+) Vukašin s'est déjà adonné à presque tous les sports qui existent, et ne manque pas d'aller courir tous les jours, au soir ou au matin selon son agenda. (+) Vukašin a passé son stage dans des agences de conseils à Minneapolis, où il a découvert le monde U.S. et ses contraintes de rendement rapides et efficaces. Depuis il s'est spécialisé à travers une formation de gestion. (+) Célibataire depuis 5 ans, Vukašin a conscience que sa vie manque d'une certaine stabilité qui lui a souvent manqué dans les moments les plus difficiles de sa vie. Il se persuade toutefois qu'il ne peut se permettre de mettre quelqu'un à l'épreuve de son quotidien, et qu'il n'est pas fait pour rendre une femme heureuse. Il lui arrive de songer à sa vie sentimentale à certains moments, mais il tente de chasser ces désirs et ces frustrations de la manière qu'il juge la plus adéquate : aller courir, frapper dans un sac de boxe. Mais ne jamais replanter ses écouteurs dans ses oreilles. Sans quoi, il partirait à la dérive vers les abîmes de la mélancolie. Car la musique le détruit de l'intérieur en même temps qu'elle le fait planer. Moins meurtrière, la bouteille de vodka reste toujours à portée de main au cas où Vukašin sombrerait trop loin.