Ici il ne fait jamais froid. Je ne sais pas ce qu'est un hiver glacial ou un un bonhomme de neige. J'aimerais aller ailleurs. Il fait tellement chaud par ici, j'en ai assez de cette chaleur accablante qui vous colle à la peau sans jamais vous lâcher.Je suis fatiguée, pourtant je n'ai que 12 ans. Je vis dans un favela avec ma famille. J'ai eu un frère un jour, il était grand et beau, je l'admirais tellement. Il m'aimait plus que personne, il avait l'habitude de m'emmener au loin. Dans sa voiture on faisait des heures de route vers l'inconnu. Il ne savait jamais à l'avance où l'on irait et je me laissais porter par le vent avec lui. C'était mes moments de bonheurs, les seuls que j'avais dans cette vie voilée d'illusions détruites. Ma mère pleurait tous les soirs et mon père criait fort et je ne comprenais pas. Nous étions pauvres je le savais, mais je ne disais jamais rien, je ne voulais pas augmenter leur douleur, je ne voulais pas qu'ils se sentent coupables de ne pas pouvoir nous sortir de là. Et un jour tout s'est effondré quand mon frère est mort.
Ça a eu lieu devant mes yeux et ceux de ma mère. Il y avait de l'agitation dans le favela, les gens se rassemblaient tous autour de deux hommes. J'étais petite, je n'arrivais pas à voir mais je sentais que quelque chose n'allait pas alors je me suis précipiter. Et de loin j'entendais des échos de voix, ils étaient clairs et violents. « Dégage de mon chemin toi!Tu crois qu'on en a pas marre de te voir avec ta coupe parfaite et tes vêtements bien sur toi ? » J'étais maintenant près des deux hommes et il y avait mon frère, Javier, et un autre homme je dirais âgé d'une quarantaine d'années. Mon frère attisait souvent la jalousie car il avait trouvé un bon travail qui lui permettait d'être un peu correct, seulement ici ça ne plaisait pas quand on avait plus que les autres. Les gens devenait haineux et violents. Dans mon petit cœur d'enfant j'avais peur, tellement peur pour ce frère que j'aimais et j'avais tellement raison. Si j'avais su je me serais interposé bien avant. Les gens commençaient à hausser le ton, il approuvait cet homme qui s'interposait devant mon frère. Pourtant mon frère n'était pas un bagarreur, il n'avait jamais été haineux ou jaloux, c'était quelqu'un de bien, un homme parfait, il aurait pu être à marier. Moi je ne voulais pas car pour moi aucune fille n'était digne de lui. Soudain il s'approcha de l'homme et mis sa main sur son épaule. « Calme toi mon frère, la haine ne sert à rien je t'assure. Regarde ce qu'elle fait faire aux hommes, elle... » Soudain mon frère s'arrêta de parler et se mit à cracher du sang, ses yeux étaient révulsés. Je m'approchai vivement et poussai l'homme d'une tel violence pour mon âge qu'il tomba à Terre. Mon frère gisait à présent sur le sol poussiéreux et chaud, un couteau planté dans la poitrine. De loin j'entendis ma mère hurler et fondre en larmes. Le sang de Javier me teignait les mains en rouges vif, je les observais sans pouvoir dire un mot, les yeux dans le vide. Je ne comprenais pas ce qui venait de se passer, pourquoi ? Sans comprendre je me mis à crier, hurler, si fort que je sentais ma voix disparaître peu à peu. Je criais ma douleur, je criais le seul frère qu'on venait de me prendre, la seule personne qui me délivrait de mes chaînes ardentes. Je criais la haine des gens, le vice de l'homme. Je n'étais plus contrôlable, je me dirigeai en furie sur l'assassin et le frappai de toutes mes forces d'enfant, je frappai cet homme sans cœur, je tirai ses cheveux, je lui crachai dessus. J'avais mal et je savais que désormais ma vie ne serait plus pareille. Tout n'avait jamais été rose mais maintenant ce ne sera plus gris mais noir.

Quelques jours s'étaient écoulés, l'assassin de mon frère et sa famille n'avaient plus pointé le bout de leurs nez. Mais mes parents avaient peur pour moi, ils disaient que ce n'était pas un environnement sauf et stable pour une enfant comme moi. Ils parlaient de m'envoyer en Russie mais je ne voulais pas les quitter. Pourtant j'avais lu des choses sur ce pays dans un livre que j'avais trouvé un jour dans les ordures. Je l'avais lu des milliers de fois, j'avais même appris à lire avec ce livre. J'avais toujours rêvé d'aller là-bas mais me séparer de mes parents ça je ne le voulais pas. Je me souviens des discussions avec mes parents souvent houleuses. Je ne partirais pas sans eux.




Saint-Pétersbourg - Hiver de mes 15 ans et prolongement de la vie...