Milena rentre d’une nuit de travail, elle entre dans la maison minable qu’elle partage avec sa mère et son demi-frère. Elle arrive dans la cuisine où les deux autres habitants de la maison sont en train de prendre leur petit déjeuner. Lena soupire « Bonjour » dit-elle en déposant une liasse de billets sur la table. «Tes clients ont été généreux en pourboires dis donc…». Milena ne se donne pas la peine de répondre à ça, elle a toujours dit à sa mère qu’elle était serveuse dans un restaurant qui était ouvert toute la nuit, sa mère a toujours fait semblant de la croire, mais Lena sait que sa génitrice sait exactement d’où vient cet argent. Elle n’arrive juste pas à faire face au fait que sa fille se fait sauter pour nourrir la famille, elle refuse l’idée sinon elle ne pourrait s’en prendre qu’à elle-même et à la mère qu’elle a toujours été, une mère indigne. A la base, il faut savoir que Milena c’est le résultat de la rencontre d’un ovule fertile et d’une capote qui pète. Elle n’a jamais connu son père, elle n’est même pas sure que sa mère se rappelle qui c’était, surement un coup d’un soir, elle ne s’était peut-être même pas demandé quel était son prénom.  Autant dire que la jeune femme était un bébé non désiré, et de ce fait, ses relations avec sa mère ont toujours été très tendues. Milena ne s’est jamais sentie aimée par sa mère, elle ne s’est jamais comportée comme une mère d’ailleurs, bien trop occupée à être tourner sur son nombril et sur les bouteilles d’alcool. Lena a très vite été livrée à elle-même et heureusement qu’elle a une force de caractère incroyable qui lui a toujours permis de rebondir et de trouver les solutions pour s’en sortir. Pourquoi s’occupe-t-elle de sa mère maintenant alors me direz-vous ? Tout simplement pour son demi-frère, d’ailleurs le demi n’a pas lieu d’être, pour Milena c’est son frère et puis c’est tout. C’est la seule personne de sa famille qu’elle aime inconditionnellement, infiniment. Quand sa mère a décidé de déménager à St Pétersbourg il y a 4 ans, c’est donc tout naturellement qu’elle les a suivis. Sauf que l’alcoolisme de sa mère ne lui permet pas de garder un boulot. C’est donc le job de Lena qui fait vivre la petite famille. Voilà ce qui nous ramène à ce petit déjeuner. Ignorant sa mère, Milena dépose un baiser sur le front de son petit frère « Dépêche toi chaton, tu vas être en retard à l’école. », sur cette phrase, la jeune femme quitte la pièce et se dirige vers la salle de bain pour prendre une douche. Elle se regarde dans le miroir, jamais elle n’aurait pensé en arriver là. Elle avait d’autres ambitions, elle voulait se lancer dans des études de droits, et elle sait que son intelligence lui aurait permis d’y arriver. Ou alors, elle aurait aimé vivre de son art, c’est une excellente peintre, le dessin est sa passion depuis qu’elle est en âge de tenir un crayon. Non, prostituée n’était définitivement pas son premier choix de carrière. Après, elle ne peut pas non plus dire que son travail lui pose problème. Elle sait parfaitement l’aversion qu’ont la plupart des femmes pour les prostituées. Mais elle, malgré ça, elle garde son ambition, elle espère bien gravir les échelons au sein de la Rose Rouge, quitte à écraser quelques têtes. Ça lui donne un objectif. Ça lui permet de continuer quoi qu’il arrive.

Tout a démarré comme un soir habituel à la Rose Rouge. Milena avait revêtu son costume de Millie. Prostituée, catin, fille de joie, pute … tout est une question de sémantique, elle se fiche du nom que vous lui donnez. Elle est là, elle inonde les clients de sa présence. Cette fille là a un charisme qui n’en égale aucune autre, elle est captivante, affolante, elle en fait vibrer plus d’un et elle le sait. Elle virevolte, papillonne auprès de plusieurs clients et leur offre une séance de flirt. C’est là qu’elle le, il a l’air différent, complétement perdu, pas à sa place. Milena pense que c’est la première fois qu’il franchit la porte de la Rose Rouge. Elle se dit que si ce n’était pas le cas alors elle l’aurait déjà remarqué, c’était une certitude, il dégageait quelque chose qui l’attirait comme un aimant. La jeune femme laisse en plan le client avec qui elle parle pour s’approcher avec une démarche de prédatrice du sombre inconnu. Elle lui décoche son plus beau sourire en entamant la conversation, « Je peux vous aider peut-être ? », elle le voit reculer, l’espace d’un instant elle se demande si il va répondre à sa question, il ressemble à une biche surprise par des phares de voiture, « Euh.. non. Enfin je veux dire non. ». Alors ça c’est assez vexant comme réponse, prend toi ça dans l’ego Lena, il a pas l’air intéressé,  mais il en faut plus que ça pour la décourager, c’est tout à fait le genre de comportement qui lui donne envie de jouer au chat et à la souris, « Vous ne me trouvez pas à votre goût c'est ça ? », elle le provoque, le défi du regard, et fait un pas en avant pour appuyer son assurance, « Si, vous êtes magnifique, mais je ne suis pas là pour ça. » Cette réponse a le mérite de faire sourire Milena mais lui, il n’attend pas sa réponse, Milena le voit tourner les talons et s’enfuir comme si elle avait la peste. Cette réaction lui fait faire la moue, elle déteste perdre, et là c’est totalement la sensation qu’elle a. En l’approchant, elle avait bien l’espoir de le glisser dans les draps. Lena s’approcha d’Elena, une de ses collègues, « Hey ! Tu le connais le brun ténébreux qui vient de s’enfuir là? », Elena fait non de la tête « Jamais vu … surement un voyeur pervers qui venait se rincer l’œil. ». Millie lève les yeux au ciel, cet homme là, il avait l’air de tout sauf d’un pervers. Et le fait que personne n’avait l’air de le connaitre au sein de la Rose Rouge lui donnait encore plus envie de savoir qui était cet être mystérieux.  Depuis ce jour, Milena ne peut s’empêcher d’y penser. Secrètement, elle espère qu’il franchira de nouveau le seuil de la Rose Rouge. D’un autre coté, elle se déteste pour penser ça. Elle qui se revendique, libre et indépendante, qui clame haut et fort qu’elle a besoin de personne et surtout pas d’un mec pour diriger sa vie comme elle l’entend. La voilà obsédée par un inconnu. Nan mais t’es névrosée ma pauvre fille… C’est d’un pathétique. Parfois, elle se surprend même à croire qu’elle le croise dans la rue. La vie, c’est pas comme dans les films Lena, la vie c’est une garce qui te fait des putains de sales blagues parfois en te mettant un bel appât sous le nez et en le faisant disparaitre pour toujours par la suite. Ouais, la vie est une sacrée bitch