⊰ if we hug a little tighter,
our hearts will be a little closer.
--- igor & sven ---
Svenlanja remit le dossier entre sur le bureau du greffier et repartit dans son bureau. Elle était fatiguée, certes, mais c'était encore sans conséquences sur son moral. Elle s'était aussi juré de ne jamais laisser paraître quoique ce soit au tribunal. Elle mettait un point d'honneur à ce que sa vie privée ne déborde pas sur son travail même si c'était compliqué, en ce moment, avec les préparatifs du mariage. Parfois, quand elle se retrouvait seule, dans le métro, marchant dans les rues ou même le soir, alors qu'Igor dormait près d'elle, elle se posait tout un tas de questions. Pourquoi tous ces préparatifs ? Que signifiait le mariage ? Pourquoi ne pouvaient-ils pas s'aimer, vivre ensemble et point barre. Non pas qu'elle ne fut pas heureuse de devenir mme. Blatvenja dans un moins, le doute commençait à la gagner. Elle avait simplement du futur, du « et après ? ». Peut-être qu'ils auraient des enfants, c'était certain. Elle en voulait mais pas maintenant, surtout avec son travail plus que difficile où elle voyait défiler des vingtaines de cas tous les jours. Des graines de délinquants aux parents absents. Elle s'arracherait les yeux de la tête si son enfant tournait aussi mal. Elle voulait être une aussi bonne mère que sa propre maman, à elle. Mais avant de songer à être une bonne mère, ne valait-il pas plutôt penser à être une bonne épouse ? Elle pensait être pas mal dans son rôle, pour l'instant. Elle vivait avec Igor comme elle le faisait avant, rien avait changé de ce côté. Rien... sauf lui. Igor était de ces hommes parfaits en tous points. Gendre idéal, fiancé avenant, homme à la carrière prometteuse. Elle l'aimerait aussi s'il avait plus de défauts, là n'était pas le problème. Ce qui clochait, c'était lui en ce moment. Il n'était pas encore devenu un total inconnu mais d'une certaine manière, elle ne le reconnaissait plus. Elle ne se serait posé aucune question s'il lui avait menti, s'il avait joué le fiancé transi prêt à devenir un parfait mari. Sauf que ce n'était pas son genre et le mutisme dans lequel il se plongeait de plus en plus l'effrayait. Sven avait essayé d'avoir une conversation avec lui mais il avait répliqué qu'il avait du travail, s'était servi un verre et était sorti. Elle devait reconnaître que sur le coup, après l'incompréhension, la colère l'avait gagné. Elle n'avait plus vraiment cherché à comprendre et se contentait de rester de marbre. C'est pourquoi elle gravit les escaliers qui menaient à leur appartement la mine sévère et les lèvres pincées. Elle se préparait déjà mentalement à une soirée silencieuse et tendue. Elle ouvrit la porte et entra. D'habitude, Igor était dans son bureau et elle entendait le cliquetis des touches du clavier. « Je suis rentrée. », hasarda-t-elle. « Igor ? » C'est à ce moment que son cher fiancé pointa le bout de son nez. Reprenant son air neutre, Sven enleva son manteau, accrocha ce dernier au porte-manteau et se déchaussa. Elle se dirigea vers lui dans l'intention de passer tout près sans pour autant lui adresser la parole ni daigner le regarder. Ce comportement était assez puéril, digne d'une fillette à l'école maternelle mais c'était la seule façon qu'elle avait trouvé pour essayer de lui faire comprendre son irritation.