« Avant qu'on passe à l'entretien, tu sais au moins où tu mets les pieds ? » demanda Mr. Petrovsky tout en s'accoudant contre le mur du bureau. Le jeune garçon, à qui le patron s'adressait, se redressa sur sa chaise avant de poser ses mains sur ses genoux avant de lui répondre. « Oui, c'est une maison close et ça m'importe peu. On m'a conseillé de venir ici si je voulais trouver un job facilement. » Le visage impassible du patron le détaillant lui donna des frissons. Il était normal que le patron juge le physique d'un possible futur employé, il était un peu comme la vitrine donc c'était important, surtout dans ce genre d'établissement. « Bien ! Dimitri ? C'est ça ? Ici à la Rose Rouge, tu vas voir des choses qui sortent de l'ordinaire et qui pourront te choquer. Même en tant que simple barman, tu vas évoluer dans un monde différent, alors si tu penses vouloir un quotidien plat et honnête, tu peux la porte. » La patron était claire, il allait se brûler les ailes s'il restait ici. Dimitri se fichait du genre d'activité, tant qu'il gagnait assez pour payer ses frais à la villa et pour ses cours de journalisme, puis ce n'était pas non plus un enfant de coeur. Apparemment, travailler ici était la chose à faire lorsqu'on avait besoin de gagner l'argent. Il avait quitté sa famille et refuser d'intégrer une université, il voulait avoir une vie d'adulte, une vie responsable et il pouvait réaliser son rêve sans suivre les cours dans une école. « Tant que je gagne de l'argent, je m'en fiche. Je pense que je pourrais être un bon barman, j'ai déjà exercé même si ce n'est pas dans le monde professionnel. » Il avait les mains moites, il devait vraiment avoir le job sinon il était bon pour revenir dans la belle maison familiale des beaux quartiers. Dimitri ne voulait pas, ce monde n'était pas pour lui alors il espérait trouver son bonheur, à l'opposé de son ancienne vie. Il n'était pas du genre à se vendre pour rien, il était vraiment motivé. « Très bien Dimitri, je te prends à l'essai pendant deux semaines et si tu conviens bien, tu pourras rester parmi nous. Tu commences demain. » Mr. Petrovsky venait de clore le petit entretien tout en s'approchant de la grande porte en bois. Dimitri, quant à lui, soupira de soulagement avant de se lever pour rejoindre le patron. Cette chance était comme un nouveau départ pour lui.

« Dimitri ? Deux Bloody Mary, un Tom Collins et un Negroni. » l'informa son collègue qui était en pleine préparation. Dimitri était barman depuis bientôt deux ans et il était habitué à ce nouveau monde, même si le départ fut difficile. Il avait été surpris, il avait l'habitude de voir ce genre de choses dans les films et non pas en réalité. La vision qu'il avait des prostituées et des gigolos était maintenant différente, beaucoup étaient comme lui en réalité, ils avaient un rêve et c'était un moyen d'y accéder. Il passait la plupart de son temps avec les barmen, barmaids, les serveuses et les danseurs avec qui il était plus ou moins proche. Il s'entendait avec la plupart des autres employés, surtout avec Maël. Dimitri avait craqué pour le danseur, mais la relation qu'ils entretenaient était plus de l'ordre de petits jeux, parfois physique. Le plus surprenant était qu'ils n'avaient jamais couché ensemble, c'était inhabituel des deux côtés. Une part de lui était un peu perdu avec Maël. Il n'avait pas prévu ce genre de choses, il était qu'un simple barman de vingt ans, qui voulait gagner de l'argent pour embrasser la carrière qu'il espérait, il voulait seulement être journaliste.