Il était une fois l'histoire d'une petite fille, qui grandit dans une famille tout à fait normale. Cette famille aimante et chaleureuse, se constituait de mes parents tous les deux Russes. Je grandis dans cette douce mélancolie, sans manquer de rien ni de personne. Dans notre famille, l'argent coulait à flot grâce au business de mon père, il n'y avait qu'une seule règle à ce sujet : ne jamais lui en parler. À l'école, je n'eus pas de problème à obtenir des notes fructueuses et me permettant d'être aussi libre que voulut. Depuis toujours, j'ai eu ce rapprochement pour les hommes et non pas pour les femmes, c'est mon côté garçon manqué comme dirait ma mère. Effectivement à l'école, je traînais beaucoup plus avec des garçons qu'avec des filles, tout simplement parce qu'à mes yeux les garçons sont bien plus intéressants. Je continuais de grandir en tout sérénité jusqu'à l'âge de mes dix-huit ans, où là tout changea, ma vie entière prit un nouveau cap.  Au lycée, dès mes seize ans, je me suis mise avec un jeune homme qui répondait au doux prénom de Nicolaï. Ce fut un coup de foudre, ses cheveux bruns qui tombaient sur son front, ses yeux noisette qui me faisaient constamment craquer, mais ce qui me fit le plus craquer chez lui, fut son caractère ferme et rebelle. En le rencontrant, j'étais un peu l'intello de l'école, calme et sage, et lui étais l'opposée totale de moi, dur, rebelle et pauvre. En quelques jours, on se mit ensemble et ma vie changea pour toujours. Je changeai aussi lorsque j'étais avec lui, ma réputation à l'école n'était plus la même, je faisais à présent partie des gens "cools" et au fond de moi, j'en étais très fière. Mes parents furent les seuls à ne pas aimer ce garçon, car d'après eux, il avait une mauvaise influence sur moi, alors que tous les moments passaient à ces côtés furent les meilleurs de toute ma vie. Deux ans s'écoulèrent et on finissait tous les deux l'école, sans problème pour ma part, et avec quelque difficulté pour lui, mais il réussit. Un beau jour d'été alors qu'on était partie en vacance en France, à Paris la ville des amoureux, il me demanda en mariage. Sur le coup, je fus assez choquée, car je ne pensais pas me marier aussitôt, et je ne pensais pas que lui aussi le voudrait vu son caractère. Il ne me fallut que quelques minutes pour lui dire oui, le oui le plus joyeux de toute ma vie. En rentrant à Moscou, j'annonçais la grande nouvelle à mes parents qui eux ne le prièrent pas aussi bien, mais peut m'importer, j'étais si heureuse et comblée. Le mariage se déroula sans soucis, c'était en hiver, car la Russie est plus belle en hiver. Toute ma famille était présente et heureusement, mes parents aussi. C'était le plus beau jour de toute ma vie, dire oui à l'homme que j'aimais, un sentiment inqualifiable.

 Après le mariage, on avait décidé de partir en lune de miel, en Amérique vu qu'on ne connaissait pas tous les deux. Mais la vie en a décidé autrement, et un soir alors qu'il revenait de travailler, il perdu la vie dans un grave accident de voiture. Un camion ne l'avait pas vu dans la nuit et il le faucha sans même me laisser une chance de lui dire au revoir. Je me souviendrai toujours du coup de fil de la police que j'ai reçu, je ne voulais pas les croire. J'étais bouleversée, mon cœur était brisé en mille morceaux et ma tête ne fonctionnait plus normalement, j'étais incapable de faire ou de dire quoi que ce soit pendant plus d'un moi. Figée et muette, je restais enfermée dans notre appartement, à regarder le mûr sans dire un mot. Mes parents s'inquiétèrent alors pour moi et décidèrent de venir me voir régulièrement pour me parler, et essayer de faire le deuil ensemble. Personne ne réussit à me faire dire un mot, ni ma mère, ni mon père, même ma grand-mère y mettait tout son corps, mais personne ne pouvait rien y faire, je ne parlais plus, ne mangeait plus, ne dormait plus, j'étais comme morte à l'intérieur. Après je pense cinq mois, je sortis de ma bulle grâce à une psychologue que mes parents me forçaient à voir, et je redevins moi-même ou du moins, j'essayais.  À mes vingt et un an, je ne faisais que boire toute la journée, sans m'arrêter. L'alcool fut à mes yeux un moyen d'oublier, de ne plus penser ni de sentir quoi que ce soit, au final, je me noyais dans mon chagrin petit à petit. J'ai perdu beaucoup de poids, et ma tête faisait peur à voir, mes parents étaient désespérés. Le déclic eut lieu un soir de janvier, j'avais bu pratiquement toute la journée, et le soir venu, j'avais remis la dose avec de l'alcool encore plus fort. Ce soir-là, je fis un coma éthylique, et en me réveillant, je compris que cela devait en finir. Aujourd'hui, cela fait trois ans qu'il est mort, je pleure toujours le soir en me couchant, je rêve encore de lui, mais je ne bois plus, je me concentre sur mes études en médecine. Quand je n'étudie pas, je sors et je m'amuse, je rentre souvent avec des hommes pour combler le manque, mais je ne ressens rien pour eux, ni même du désir ou de l'envie, ce n'est que pour me distraire de mon chagrin.
Ce matin, je me réveille le cœur encore noué, comme chaque matin. Je n'arrive pas à sortir de mon lit, mon corps est comme enfuit dans le matelas, mes yeux ne veulent pas s'ouvrir sur cette vie si monotone et triste qu'est la mienne. Je trouve la force de me lever, mais à peine debout, je ressens un vertige, un mal-être, surement, dût à la soirée d'hier soir un peu trop arrosé. Je n'avais plus but depuis longtemps, depuis un an même, mais hier, j'ai craqué. Je n'ai pas exagéré, deux cocktails et je fus bien, pas saoule mais bien. Je sais à nouveau me contrôler, je sais où est ma limite, et je sais que je ne dois pas retomber dans ce vice qu'est l'alcoolisme. Mes parents m'ont appelé hier soir pour me demander comment je vais, et comme toujours, je dis que je vais bien même si je sais que je ne vais pas bien. C'est devenu une habitude de dire "je vais bien ne t'inquiètes pas" à tous mes proches, famille, amis, tout le monde croit que tout va bien à présent. Faux. Mais je continue de vivre, d'essayer d'apprécier la vie à son juste titre, je souris et je vis malgré mon cœur cassé. Les hommes sont devenus une habitude chez moi, je ne rentre pratiquement plus seule, car au fond, je n'ai pas envie d'être seule. Être seule m'impose l'idée que je n'ai plus personne, plus Nicolaï, et cette idée m'est encore impensable. Le matin venu, je pousse ces hommes dehors, loin de moi, et surtout loin de l'idée qu'on pourrait se revoir.