Pauvre petite fille abandonnée. Elle, elle jette un dernier coup d’œil au petit bébé emmitouflé dans une couverture tâchée et troués de pratiquement tous les centimètres. Il n'y a pas un centimètre où on ne retrouve pas un trou. Cette femme aux cheveux bruns qui semble avoir des larmes aux coins des yeux, elle te regarde un dernier moment parce que c'est ta mère. Son enfant, sa chair, son sang, ses entrailles. Avec un soupir, elle se penche pour déposer l'enfant, elle, Svetlana, sur le sol et elle se relève. Ta mère tourne les talons et sans un regard derrière elle quitte, presque en courant, les lieux. On va retrouver l'enfant de trois jours, que tu es,  quelques heures plus tard. Un homme et une femme qui passaient par-là ont entendus tes pleurs. Ils sont horrifiés de voir que tu as été abandonné dans une ruelle, dans une couverture trouée et rapidement la femme s'empresse de te prendre dans ses bras et d'essayer de te calmer. Ils n'ont pas d'autres choix que d'aller te porter à l'orphelinat le plus près. Il n'y a aucun mot de la part de ta mère, seulement une morceau de papier attaché avec une épingle à ta couverture où il est écrit : Svetlana. C'est le seul indice que dispose l'orphelinat. Tu as été abandonnée. Tu es un pauvre bébé dont les parents n'ont pas désirés de toi. Tu ne connaîtras pas tes véritables parents ni ce qu'ils faisaient dans la vie et c'est peut-être pour le mieux parce que ta mère est une prostitué et ton père un violeur. Pendant plusieurs jours, les gens à l'orphelinat font des appels afin de savoir si les hôpitaux ont admis une femme enceinte qui a accouché de toi sauf qu'ils en ressort bredouille. Après tout, ta mère a accouché de toi dans son appartement miteux. C'était mieux pour elle et pour toi. Tu devras attendre cinq ans avant que deux parents décident de t'adopter. Manque de chance, ces parents ne sont pas comme les autres, mais la mère te donne de l'amour. Elle qui est si maternelle, mais le père t'entraîne rapidement dans des affaires louches. Tu ne te rappelles plus très bien, mais tu es persuadée qu'à l'âge de 12 ans tu savais te servir d'une arme à feu. À l'âge de 15 ans, des armes blanches. Et à 16 ans, quelques mois après avoir retirée des bancs d'écoles, tu sais voler et mentir parfaitement. Tu es une criminelle, mais tu l'ignores.

Regarde-toi, pauvre fille. La vie t'a tellement anéanti que tu es l'ombre de toi-même. « Sans déconner, tu as quel âge ? » Tirant sur ta cigarette, tu inspires la fumée pour expirer cette dernière quelques secondes plus tard. L'homme dans le début trentaine remonte son pantalon pour cacher sa virilité. Virilité que tu as visité, aujourd'hui. Après avoir boutonné son pantalon, il enfile sa chemise blanche qu'il boutonne. Il n'a aucune réponse de toi, encore. Lui donneras-tu une réponse honnête ? Certainement pas. « 20 ans. » Tu ne prends même pas le temps de pivoter ton cou pour le regarder en lui donnant cette réponse. Menteuse ! Tu as seulement 17 ans, mais tu en fais davantage. Il émet un rire. Tu exhales une dernière fois la fumée de ta cigarette pour finalement jeter cette dernière par la fenêtre. « OK, si tu le dis ! Je vais te croire. » Complètement nue, tu rentres à l'intérieur de la chambre d'hôtel où tu jettes un bref regard à l'homme lorsque tu passes près de lui pour atteindre ta petite culotte qui se trouve dans un coin de la chambre luxueuse. « Merci pour ce moment, Ivanna ! On remets ça quand tu veux. » Dos à lui, tu lèves les yeux au ciel. Dans ses rêves. « Ouais, si tu le dis. » Tu réussis, enfin, à agrafer ton soutien-gorge que tu enfiles ta petite robe noire ainsi que les escarpins à lesquels tu as dragué cet homme infidèle. Rapidement, tu enfiles ton manteau et tu t'apprêtes à quitter la chambre d'hôtel lorsqu'une main t'arrête. « Tu allais oublier ça ! » Brandissant sa main droite, il y a une liasse de billets. Tu n'y pensais même plus. Quelle conne. Dans un geste presque tremblant, tu approches ta main pour prendre la liasse de billets et lorsque tu l'as, tu te dépêches à partir. Dans ta tête, tu te dis qu'il faut absolument que tu te trouves un nouveau job.